Le poème se présente comme un ensemble prosodique parfaitement régulier : suite de dix quatrains à rimes embrassées alternant les rimes masculines et féminines. Les deux derniers quatrains seront séparés des huit autres dans la deuxième édition de
[...] Les deux derniers quatrains seront séparés des huit autres dans la deuxième édition de Les Fleurs du Mal (1861), ce qui accentuera encore davantage le rythme binaire et quaternaire. A cette fixité de la forme répond, à première vue, une binarité des thèmes : le Bien face au Mal. Le Bien apparaît comme une figure d'innocuité aux prises avec le Mal : l'Ange tombé, le malheureux 1 Critique de la conscience (le déploiement de l'imaginaire à partir d'un acte point de départ Formalistes russes (étude de la littérarité). [...]
[...] / Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage, / L'Art est long et le Temps est court La fatalité du damné est en effet attachée à l'image du poète. 6/9 III. Une métaphysique de la rupture Le Mal à l'oeuvre La rigueur de la fatalité est posée par le cadre formel, très rigide. Le choix d'une fore aussi rigide, fût-ce antérieurement à l'adoption de la prose dans le poème Charles Baudelaire prisa, dans Le Spleen de Paris, la prose en poésie, propre à s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? (cf. [...]
[...] Ce caractère devient omniprésent au point d'être transformé en Idée comme l'atteste le titre même du poème. 4/9 Mythe et révélation3 II. La force de l'irrémédiable est exprimée par l'extrême limite que représentent les êtres et l'espace, limite tragique, qui, de ce fait, prend une dimension mythique Aux abords de l'humanité Les êtres : l'Ange n'est ni humain (puisqu'il peut être Idée, Forme, Être ni divin (puisqu'il s'agit précisément d'un Ange déchu), il se trouve à la frontière de l'humain : les qualificatifs qui le désignent le rapprochent de l'homme imprudent voyageur nageur et soulignent le mouvement dans lequel il est saisi ; le malheureux ensorcelé est installé aux bordures de l'irréalité, entre magie et déraison (le lieu plein de reptiles appartenant dès lors à l'ordre de la vision et annonçant le gouffre où s'égare le damné) ; le damné enfin est à la fois un paria de la société mais aussi, eu égard au contexte, un condamné de Dieu, et se trouve être, de ce fait, installé dans un non lieu Un lieu extrême L'espace est non seulement connoté négativement mais aussi tragiquement. [...]
[...] Baudelaire le révolté inverse les termes de la construction chrétienne en substituant le diable à Dieu. Or, le cadre est le fini, l'achevé, et la conscience, l'infini en mouvement. Par cet infini dans le fini ce poème révèle l'essentiel de la 8/9 métaphysique et de l'esthétique baudelairiennes et, pour cette raison, semble être au centre de la conscience de l'auteur de Les Fleurs du Mal. [...]
[...] Contre un gigantesque remous Qui va chantant comme les fous Et pirouettant dans les ténèbres; Un malheureux ensorcelé Dans ses tâtonnements futiles, Pour fuir d'un lieu plein de reptiles, Cherchant la lumière et la clé; Un damné descendant sans lampe, Au bord d'un gouffre dont l'odeur Trahit l'humide profondeur D'éternels escaliers sans rampe, Où veillent des monstres visqueux Dont les larges yeux de phosphore Font une nuit plus noire encore Et ne rendent visibles qu'eux; Un navire pris dans le pôle Comme en un piège de cristal, Cherchant par quel détroit fatal Il est tombé dans cette geôle; Emblèmes nets, tableau parfait D'une fortune irrémédiable, 1/9 Qui donne à penser que le Diable Fait toujours bien tout ce qu'il fait ! II Tête-à-tête sombre et limpide Qu'un coeur devenu son miroir ! Puits de Vérité, clair et noir, Où tremble une étoile livide, Un phare ironique, infernal Flambeau des grâces sataniques, Soulagement et gloire uniques, La conscience dans le Mal ! [...]
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