Quand un auteur romain entreprend d'écrire l'histoire de sa ville depuis sa fondation, il remonte le temps jusqu'à un passé légendaire où règne le monde du merveilleux. Tite-Live le sait et s'en excuse dès sa préface . Mais pour atteindre ces pionniers, ces ancêtres remplis de valeur qui ont amené une simple ville au rang de puissance, pour toucher leur âme et comprendre ce qu'ils ont vécu, il lui est nécessaire de passer par la légende. Loin d'être un excursus dans l'univers du conte ou une formalité dont il faut s'acquitter avant de pénétrer dans l'histoire contemporaine, les primordia sont précisément le moment où se construit l'essence même de la cité qui sera un jour la Ville éternelle.
Or, c'est à cette époque qu'interviennent un grand nombre d'animaux. Il n'y a en soit rien d'étonnant à cela : les Romains, surtout au début de leur histoire, connaissent un rapport privilégié avec la gente animale. Objets de richesse et de convoitise, les bêtes fournissent nourriture et force physique soulageant les hommes dans le travail des champs. Mais elles sont également les médiatrices privilégiées entre le monde des dieux et celui des hommes. C'est à travers elles et grâce à elles que les hommes peuvent apprendre ce qui plaît ou déplaît aux être divins, notamment par le biais de la divination. Les animaux servent aussi de puissant lien réunissant dieux et hommes autour de son sacrifice : la divinité accepte l'offrande des hommes et, en contrepartie, leur est favorable et écoute d'une oreille bienveillante leurs prières.
[...] Le bestiaire de la première décade de Tite-Live Quand un auteur romain entreprend d'écrire l'histoire de sa ville depuis sa fondation, il remonte le temps jusqu'à un passé légendaire où règne le monde du merveilleux. Tite-Live le sait et s'en excuse dès sa préface[1]. Mais pour atteindre ces pionniers, ces ancêtres remplis de valeur qui ont amené une simple ville au rang de puissance, pour toucher leur âme et comprendre ce qu'ils ont vécu, il lui est nécessaire de passer par la légende. [...]
[...] Derrière les grands hommes de ce premier âge de la ville, grouille une vie animale féconde qui participe activement à l'existence des êtres humains. Chaque animal possède aux yeux de ces premiers habitants de Rome une richesse symbolique indéniable, issue du rapport de fascination et de répulsion qu'exercent sur les hommes les bêtes sauvages qui échappent à leur contrôle. Et, bien souvent, l'intervention animale se déroule à un moment particulier de l'histoire de la ville et s'inscrit dans des récits étiologiques destinés à expliquer la cause et l'origine d'un rite, du nom d'un site ou d'une cérémonie religieuse Or, malgré l'importance en nombre de ces animaux, peu d'études s'y sont jusqu'à présent intéressées. [...]
[...] 31-50. J. Prieur, Les Animaux sacrés dans l'Antiquité, Art et Religion du monde méditerranéen, Rennes, Ouest- France Université Cf. infra, note 150 p. 66. [...]
[...] Les vautours marquent le moment officiel de la naissance de Rome et de la mort de Rémus. La postériorité de cet épisode met en évidence l'importance à Rome du mode étrusque de penser le monde alors même que ce peuple y est haï et déprécié à cause des rois étrusques qui ont régné sur la ville. L'aigle et le corbeau montrent le particularisme des Romains qui exploitent des symboles universels selon un esprit pragmatique et religieux typiquement romain pour faire triompher à la face du monde la supériorité de leur cité. [...]
[...] Expression constamment utilisée par A. Grandazzi, La Fondation de Rome. Réflexion sur l'histoire, Paris, Les Belles Lettres (Collection Histoire, avec une préface de P. Grimal), pour désigner ce passé légendaire proto-historique de Rome. R.J. Schork, Moral Metamorphosis in Livy Latomus pp. 98- 102. D. Briquel, L'oiseau ominal, la louve de Mars, la truie féconde Mélanges de l'Ecole Française de Rome. Antiquité pp. [...]
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