Cette tirade est la dernière de la pièce : elle se situe après que Titus puis Antiochus ont menacé de mettre fin à leurs jours à cause de Bérénice (« en expirant », vers 1459, « vous voilà de mes jours […] responsable », vers 1424). Cette tirade est donc le dénouement de la pièce après que les enjeux sont devenus vitaux et que la situation semble irrémédiablement nouée. Bérénice va choisir de se retirer du jeu après en avoir été l'enjeu. Elle choisit de suivre les conseils de Phénice : (III, 3, v. 904) « il faut ici montrer la grandeur de votre âme ». Bérénice prend ici une dimension majestueuse dans sa décision de partir, elle part la tête haute au lieu de partir par dépit comme elle l'avait décidé auparavant (V, 2).
[...] Ces deux termes sont en écho aux deux termes : votre cœur huit vers après (v. 1483). Structure : Bérénice commence par parler de son cœur et d'elle-même, d'où la présence de la première personne du singulier dans les huit premiers vers : je mes mon Puis elle parle de Titus : votre cœur et de son amour pour lui. On remarque donc cette fois-ci la présence de la deuxième personne dans les huit vers suivants : vos votre ses vous ainsi que des termes : Seigneur Titus Enfin, dans les quatre derniers vers, introduits par ce n'est pas tout Bérénice annonce sa décision finale. [...]
[...] La simplicité et la beauté de la présentation de ce désir si simple touche presque au sublime : par cette formule, sublime à force de simplicité, nous fait comprendre, immédiatement, le cœur de la pièce, le cœur de la décision de cette grande reine, le cœur de son intime tragédie. Bérénice se présente ainsi comme l'incarnation de l'amour, à cet instant extrême de la pièce, à cet instant d'adieu. L'amour en opposition au pouvoir : Dans cette partie, le thème de m'amour contre le pouvoir est aussi présent, comme il a parcouru toute la pièce. [...]
[...] Inversement des rôles : Puis Bérénice donne un autre mouvement à sa tirade, elle va parler de l'amour de Titus. Ici, elle décrit Titus par le trouble et les larmes : votre cœur s'est troublé, j'ai vu couler vos larmes tant d'alarmes Ces attributs étaient avant, ceux de Bérénice. Ce retournement montre bien que Bérénice a repris la situation en main et que c'est elle qui commande. Humilité : Bérénice avance ensuite son indignité : Bérénice ne vaut point tant d'alarmes Mais cette humilité est relative puisque Bérénice s'incline certes, mais l'adversaire est de taille, il s'agit pour elle de l'univers : l'univers malheureux ! [...]
[...] Elle commence par annoncer qu'elle ne va pas mettre fin à ses jours : je vivrai Elle poursuit en se pliant aux ordres de Titus : je suivrai vos ordres absolus Elle annonce son départ d'une façon d'abord ambiguë par un adieu terme qui revient quatre fois dans la tirade. Mais la véritable annonce se trouve dans le deuxième hémistiche, après les deux points : elle se structure autour du verbe voir conjugué au futur, mot de deux pieds entouré de monosyllabes (structure que l'on trouvait déjà dans l'annonce d'Antiochus, au vers 894). La deuxième partie de la négation plus la plus significative de l'annonce achève de façon brutale le vers. [...]
[...] Fin de la pièce Racine choisit de donner le dernier mot à Antiochus. Ce choix peut s'expliquer par le fait que lui a tout perdu, il ne verra plus Bérénice et elle ne l'aime pas. Ou bien, on peut considérer qu'étant celui qui a été chargé de dire à Bérénice de partir, c'est encore lui qui exprime ce que pense les autres, c'est en quelques sortes, celui qui, pendant la pièce, a eu les paroles qui ont fait avancer la pièce, c'est donc lui qui achève la pièce. [...]
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