Etude de la représentation du jeu dans la pièce de Samuel Beckett Fin de partie, à la fois comme représentation d'une idée, et représentation théâtrale.
[...] Les références méta théâtrales évoquent enfin la fonction même du théâtre. En effet, le sens du théâtre et la signification de la représentation sont clairement mis en exergue à plusieurs endroits du texte : On n'est pas en train de de signifier quelque chose ? / Signifier ? Nous, signifier ! Ah elle est bonne ! / Je me demande. Une intelligence, revenue sur terre, ne serait-elle pas tentée de se faire des idées, à force de nous observer ? [...]
[...] Hamm profite de son rôle et de sa position pour jouer véritablement avec son serviteur. Cela pourrait aussi nous faire penser aux duos de clowns, Hamm étant le clown blanc qui commande et règle son univers, et Clov (dont le nom n'est pas éloigné de clown d'ailleurs) étant Auguste, dominé par le clown blanc. A bien des égards, il est vrai qu'on a souvent l'impression que ces deux personnages s'adonnent à un jeu burlesque. La première didascalie, la pantomime de Clov, rend bien cette idée de clownerie puisque celui-ci apparaît comme un pantin dont les gestes paraissent absurdes et incohérents : Il va se mettre sous la fenêtre à gauche. [...]
[...] Il nous invite à un jeu absurde où la partie est perdue d'avance mais sans que l'on sache quand elle se terminera. Le jeu de la vie. [...]
[...] Comme le public de la fiction en qui il reconnaît son image spéculaire, le spectateur regarde une comédie grotesque qu'il joue lui-même et qu'il continuera de jouer tout à l'heure en quittant le théâtre. La réalité devient le théâtre du monde, ou inversement. La vanité du monde exposée dans Fin de partie copie celle qui nous entoure. Cette exhibition du jeu dans le jeu rappelle ainsi aux spectateurs qu'ils sont aussi dérisoires que les fantoches qui gesticulent sur le plateau. [...]
[...] Il s'agit de Fin de partie, ou dans son titre original Endgame. On se doute bien que le double sens confère à ce titre l'idée de fin de vie. Mais cela fait aussi évidemment référence au jeu d'échec, dont Beckett était d'ailleurs adepte. Cette pièce serait donc une partie d'échec à l'échelle humaine où Hamm serait un roi condamné incapable de reconnaître sa défaite, et Clov un pion qui le promènerait de temps à autre sur l'échiquier pour lui donner l'impression qu'il peut encore faire quelque chose. [...]
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