La pièce de Samuel Beckett, Fin de partie, semble aller à l'encontre de tout ce qui a été produit auparavant. Il semble que Beckett ait voulu créer une pièce de théâtre différente. D'ailleurs le verbe « créer » signifie concevoir quelque chose à partir de rien. C'est en effet ce à quoi Racine fait allusion dans la préface de Bérénice : « Faire quelque chose à partir de rien ». Nous pouvons donc nous demander si phrase est applicable à Fin de partie. Nous verrons tout d'abord que l'oeuvre de Beckett peut être ainsi qualifiée et par la suite nous montrerons les limites de cette affirmation.
[...] En effet, la pièce est basée sur une intrigue qui ne se devine qu'assez tard dans la pièce : Clov va-t-il vraiment partir ? L'action est donc assez réduite et la pièce peut paraitre vide. Par ailleurs, la mise en scène et le style de Beckett insistent aussi dans cette affirmation. Pour écrire les dialogues de cette pièce, l'auteur n'a utilisé que quelques mots, le style est très épuré. Ceci permet à l'auteur d'aller à l'essentiel, il n'utilise pas d'artifices, les mots sont simples et forts. [...]
[...] Enfin, nous pouvons, pour renforcer le fait que la pièce soit faite à partir de rien nous tourner vers les thèmes étudiés par Beckett. Cette pièce pose l'homme au centre des interrogations. Elle s'intéresse surtout à la déchéance de l'homme, la vieillesse qui aboutit à la mort et donc au rien. Les personnages de la pièce incarnent ces différents thèmes : tous sont diminués physiquement, leur vue à tous est très mauvaise, Clov est le seul personnage ayant la possibilité de se déplacer mais c'est également le seul ne pouvant pas s'asseoir. De plus, l'origine de Clov reste floue. [...]
[...] A la fin de la pièce, lorsque Clov regarde par la fenêtre il aperçoit un enfant. Cet enfant peut ainsi être le symbole de l'espoir dans un monde qui ne peut que renaître. De plus, nous pouvons remarquer que la pièce est empreinte d'une profonde routine et les personnages en sont conscients. Ils ont donc bien un passé. Nell met en évidence cette notion d'habitude qui va même jusqu'à la lassitude lorsqu'elle demande à Nagg Pourquoi cette comédie tous les jours ? [...]
[...] Beckett qui était résistant a vu s'éteindre plusieurs de ses compagnons arrêtés par la Gestapo. De plus, la mort de son frère a beaucoup touché Samuel Beckett qui était un homme pudique. Les thèmes étudiés dans l'œuvre peuvent donc rappeler au lecteur ces aspects de la vie du dramaturge : la mort et les liens entre les hommes y sont analysés. La pièce est ainsi empreinte d'une vie marquée de douleur et n'a pas été créée au hasard. Les noms de lieu y sont rares mais Beckett cite tout de même la ville de Sedan qui est le symbole des différentes défaites militaires de l'histoire de la France. [...]
[...] Sa pièce repose donc sur d'autres textes et n'est donc pas faite à partir de rien. Au début du texte, Hamm dit que plus on est plein. Et plus on est vide. il pose ici la question de Qu'est-ce que l'homme ? question à laquelle s'est intéressé Pascal dans ses Pensées. Beckett fait également référence à Descartes, à la fin de la pièce, Hamm dit Je pleure donc je suis ce qui fait penser au cogito de Descartes qui dit Je pense donc je suis et qui pose la définition de l'homme. [...]
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