En mettant en scène un héros qui "se presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer", Beaumarchais semble faire l'éloge, dès Le Barbier de Séville, de l'union du divertissement et de la gravité. Pourrait-on dire alors de notre dramaturge qu'il a su donner "au combat de la raison l'allure d'une fête" selon la célèbre formule de Roland Barthes à propos de Voltaire, philosophe des Lumières ? Nous étudierons d'abord la satire sociale et politique dans Le Mariage de Figaro. Puis, nous analyserons tout ce qui relève du divertissement dans cette oeuvre.
[...] Ses propos révolutionnaires contre l'aliénation des femmes, la privation de droits ont fait scandale. En effet, tout un passage du Mariage de Figaro évoquant la condition désastreuse des femmes au XVIIIe siècle a été retranché par les Comédiens-Français lors de la première représentation. Tout au long de l'œuvre Beaumarchais nous présente des femmes qui sont prises pour des objets, des instruments. Par exemple, Suzanne est achetée par le comte comme une marchandise, un objet de consommation : Suzanne : Tu croyais, bon garçon ! [...]
[...] Puis, on retrouve une autre forme de comique : le comique de geste. L'échange de révérences entre Suzanne et Marceline traduit avec ironie l'antagonisme qui oppose les deux femmes (Acte Scène V). On peut noter aussi les nombreux soufflets : Suzanne, riant : Il pleut des soufflets, Figaro (Acte Scène VIII). On remarque également les talents de comédien de Figaro : Figaro : [ ] j'ai sauté sans réflexion sur les couches, où je me suis même un peu foulé le pied droit. [...]
[...] Le dramaturge a le désir d'un art total . En effet, Beaumarchais met en scène des chansons qui accentuent encore cet air de fête. Notons aussi que cette comédie se termine en musique avec le fameux Vaudeville (Acte Scène XIX) : Figaro continue l'air [ ] Septième couplet Par le sort de la naissance, L'un est roi, l'autre berger ; Le hasard fit leur distance ; L'esprit seul peut tout changer. De vingt roi que l'on encense, Le trépas brise l'autel, Et Voltaire est immortel Bis. [...]
[...] En effet, le rideau se lève sur le matin des noces de Figaro et Suzanne et se termine le soir par un ballet général. Beaumarchais choisit un héros éponyme, Figaro. Cet homme du peuple est l'emblème de la gaieté : Suzanne : J'aime ta joie, parce qu'elle est folle (Acte IV, Scène I). Débordant d'énergie, ce malicieux personnage parvient à s'échapper des pièges du Comte. Mais il ne ruse avec son seigneur que pour garantir ce qu'il aime et sauver sa propriété. [...]
[...] Surpris par l'arrivée du Comte, il se cache derrière le grand fauteuil. Le Comte, qui veut faire ses avances à Suzanne sans être vu, est obligé lui aussi de se cacher à l'arrivée d'un autre personnage, Bazile. Il s'abaisse et prend la place de Chérubin derrière le grand fauteuil. Le page, lui, effrayé se jette sur le fauteuil à genoux et s'y blottit. Suzanne couvre Chérubin avec une robe et se met devant le fauteuil. Ce jeu de scène est clairement expliqué par Beaumarchais dans une longue didascalie. [...]
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