A la fin du XVIIIème siècle, le prestige du théâtre est à son apogée dans toute l'Europe occidentale. La comédie française devient une véritable institution et s'érige en gardienne de la tradition. Elle connaît cependant une forte période de crise, la comédie s'étant peu à peu appauvrie au contact des règles du classicisme. Elle se présente alors comme un genre à renouveler.
Avec Le barbier de Séville puis Le mariage de Figaro Beaumarchais renoue alors avec les secrets d'un comique qui avait peu à peu disparu de la scène.
Ainsi : « Beaumarchais dans ses comédies cherche à briller, fut-ce aux dépens des personnes, des situations, en exhibant ouvertement l'artifice théâtral et ses conventions ». Si l'auteur récupère en effet à son compte les éléments caractéristiques de la comédie et qui ont fait son succès, il y apporte cependant une autre dimension. Ces derniers semblent alors devenir plus un support d'un véritable but littéraire en soi.
C'est pourquoi on peut se demander en quoi Beaumarchais dépasse le genre traditionnel de la comédie faisant de ces deux pièces une éclatante production où les rouages exposés et mêlés au langage et autres subtilités profitent surtout à l'ambitieuse quête personnelle de leur auteur ?
[...] Cependant, malgré la volonté affichée de l'auteur à donner un ton plus profond à ses pièces et cela plus que ne le voudrait véritablement le genre de la comédie, on peut noter une certaine distanciation de l'auteur par rapport à sa création. La critique et le public a peut-être, au fil du temps, exagéré la dimension engagée de ces pièces. Évidemment,elles servent à l'auteur pour fustiger la noblesse, mais comme au l'a vu au niveau de la morale,la critique ne va pas très loin,tout revient dans l'ordre de départ,convenu et politiquement correct. [...]
[...] Les moralités finales ont leur part d'ambiguïté. Ils se présentent sous un jour plus complexe qui sert à l'entreprise intellectuelle de Beaumarchais. Dans Le mariage de Figaro, le comte est un libertin qui veut profiter de Suzanne. D'un autre côté, il s'avère être complètement jaloux à l'encontre de sa femme, qu'il passe pourtant son temps à tromper. La comtesse, quant à elle ne tarde pas à révéler qu'elle espère ramener à elle son mari débauché tout en ne se montrant pas insensible au charme de l'angélique Chérubin. [...]
[...] Ce dernier, tout comme Beaumarchais est issu d'une classe roturière. De plus, tout au long des pièces il se définit comme étant un beau parleur. Dans Le mariage de Figaro, à la scène dix du premier acte, il sait en effet manier la flatterie pour amadouer le comte. Il évoque sa sagesse, sa vertu en appuyant de nombreuses fois son argumentation à l'aide de l'adverbe intensif si ».Un peu plus tard il se révèle également comme un meneur d'hommes puisqu'il revient accompagné de la foule pour exercer une pression sociale sur son maître. [...]
[...] Dans Le barbier de Séville on peut lire : l'auteur vêtu modestement et courbé présentant sa pièce au lecteur ».Cette modestie est pourtant seulement feinte puisque Beaumarchais dans les lignes qui suivent cherche avant tout à répondre avec verve et humour aux attaques dont il fait l'objet. L'accompagnement de ses pièces dépasse donc le texte en lui- même, complète et confirme en périphérie tout le contenu. C'est cet accompagnement qui offre entre autres une autre dimension à ces œuvres. Cependant, les pièces de Beaumarchais, tout ne repose pas principalement sur la manière de dire ou de mettre en scène. [...]
[...] C'est aussi elle que l'auteur cherche à éblouir avec ses mots d'esprit. Et c'est encore jusqu'à cette classe que Beaumarchais tente de se hisser. Il ne peut donc pas entièrement la critiquer. Il garde donc une certaine distance par rapport à ses pièces. Son implication est importante, car elles sont le fruit d'un long travail, mais elle n'est pas totale, car ces pièces ne sont qu'une facette de son œuvre, de sa carrière. Dans Le mariage de Figaro par exemple, Suzanne et Rosine se travestissent. [...]
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