Les diaboliques, Duchesse de Sierra-Leone, pêcheresse, femme, vengeance, diable
Préface des Diaboliques : la femme comme « pécheresse », non seulement par l'action, mais surtout plus par nature (diabolique et non « diableries ») . Analogie avec le diable "Comme le Diable, qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, si elles sont des anges, c'est comme lui, la tête en bas, le reste…en haut" : image qui suggère l'ambiguité du personnage féminin.
La vengeance d'une femme: la dernière nouvelle met justement en scène la chute d'un personnage féminin dans le diabolique : un dandy, Tressignies est séduit dans la rue par une prostituée qui se révèle être la Duchesse d'Arcos de Sierra Leone qu'il avait déjà repérée à St Jean de Luz. Elle lui fait le récit de l'humiliation qui l'a poussée à la prostitution. Son mari fait assassiner devant elle son amant Esteban (amour platonique), fait dévorer son cœur par des chiens sous ses yeux, l'empêche de mourir et de manger son cœur. Elle décide de fuir la demeure du Duc et de salir son nom en se prostituant, en mourant d'une maladie vénérienne, en se faisant enterrer avec les prostituées en tant que Duchesse d'Arcos de Sierra-Leone .
Une duchesse qui se prostitue : dernière nouvelle explicite toute l'ambiguité du personnage féminin chez Barbey (Jacques Petit dans l'introduction souligne "l'antithèse de la Madone et de la prostituée") et la chute définitive de la femme dans le diabolique : le recueil se clôt cette apothéose de la Madone déchue.
[...] Son histoire présentée par un récit suggère au lecteur que la duchesse est déjà morte, il ne vit pas l'action directement, les faits sont rapportés, si l'on considère comme Barbey le dit dans la préface que tous les faits sont vrais (« Ces histoires sont malheureusement vraies.Rien n'en a été inventé. ») , alors l'écriture participe à l'immortalisation du déshonneur, à l'accomplissement de la vengeance de la duchesse. Conclusion Figure ambigüe : une madone qui tourne le dos à dieu/une prostituée « cérébrale ». [...]
[...] -« beauté suzeraine » de ses mains, Tressigniès fascinée par elle la première fois qu'il la remarque. Il lui en reste un souvenir « brillant » -comparaison avec l'œuvre d'art lorsqu'il la suit dans la rue « cet oiseau moqueur qui joue le rossignol, dont parle Byron dans ses Mémoires », la Judith (Judith et Holopherne ou L'étude d'Olimpe pelissier pour Judith de Vernet, la reine de Saba de Tintoret vision figée, passive de la femme qui même lorsqu'elle séduit Tressigniès dans la rue, a du mal à se faire passer pour une fille « elle était d'une telle beauté qu'on pouvait s'étonner que cette beauté ne l'eût pas classée plus haut » Elle évoque la pureté et la préciosité du fait de son origine espagnole (« être Espagnole, à cette époque là, c'était quelque chose C'était une valeur sur la place ») Elle hante les souvenirs de Tressignies « Il parcourut la Grèce et l'Asie, mais aucune des créatures les plus admirables ( ) ne put lui effacer la tenace et flamboyante image de la duchesse » Son amour avec Esteban reste platonique, elle le décrit comme pur et chaste quoique brûlant et infini : « Si les anges pouvaient s'aimer entre eux devant le trône de Dieu, ils devraient s'aimer comme nous nous aimions » une Céleste avant la « chute »? [...]
[...] (« Je sentis qu'on m'ouvrait la poitrine et qu'on m'en arrachait le cœur » + « j'étais alors dans toutes les ivresses de la vie » L'éclair était déjà éteint. » (un éclair passé sur son front à l'évocation de St Jean de Luz) le rôle de la passion -Elle fait d'Esteban son dieu , « j'avais communié avec ce cœur comme avec une hostie. N'était-il pas mon Dieu ? [...]
[...] Femme veuve déterminée, intelligente ( use de la ruse, manipulation pour réaliser le meurtre d'Holopherne)-> indépendance, fait de sa grande beauté un instrument pour la réussite de son entreprise,preuve de courage quad son peuple préférait s'en remettre à Dieu pour être sauvé ( cf exergue « fortiter »). ->violence, autonomie, intelligence : la duchesse reprend le pouvoir sur son mari, passe de victime passive (qui assiste impuissante au massacre de son mari) à bourreau actif (l'action, la succession des clients étant nécessaire à sa vengeance) - Kris Vassilev dans Le récit de vengeance au XIXe siècle souligne l' « extrême clarté » du récit de la dernière nouvelle, en opposition avec les autres nouvelles du recueil fondées sur le « mutisme quasi-total de leurs héroïnes », sur « le mystérieux, l'équivoque, l'inachevé » : il n'y a pas de possibilité de différentes interprétations du personnage cf introduction de la nouvelle : « les crimes de l'extrême civilisation sont, certainement, plus atroces que ceux de l'extrême barbarie par le fait de leur raffinement, de la corruption qu'ils supposent, et de leur degré supérieur d'intellectualité » Ou encore « crime spirituel », « massacre( ) de l'ordre du sentiment et des mœurs » Vengeance « intellectuelle » : elle tire son plaisir en imaginant la réaction du duc qui apprend son déshonneur (porte la photo du duc en bracelet), elle ne verra jamais les conséquences de ses puisque c'est par sa mort que la vengeance sera complète . [...]
[...] Elle lui fait le récit de l'humiliation qui l'a poussée à la prostitution. Son mari fait assassiner devant elle son amant Esteban (amour platonique), fait dévorer son cœur par des chiens sous ses yeux, l'empêche de mourir et de manger son cœur. Elle décide de fuir la demeure du Duc et de salir son nom en se prostituant, en mourant d'une maladie vénérienne, en se faisant enterrer avec les prostituées en tant que Duchesse d'Arcos de Sierra-Leone . [...]
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