Honoré de Balzac, illustre écrivain français du XIXe siècle, est l'auteur d'une oeuvre immense : La Comédie Humaine, qui regroupe quatre-vingt-onze romans écrits en vingt ans. En 1835, l'écrivain publie Le Père Goriot, qui marque sans doute l'étape la plus importante dans la construction de son oeuvre. Celui-ci relate l'histoire d'un jeune provincial, Eugène de Rastignac, qui découvre au fil du roman les règles cyniques qui gouvernent la société. On peut alors se demander si Le Père Goriot est un roman d'apprentissage, c'est-à-dire un roman qui a pour thème le cheminement évolutif d'un héros, souvent jeune, jusqu'à ce qu'il atteigne l'idéal de l'homme accompli et cultivé. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l'innocence et à la naïveté de Rastignac lors de son arrivée à Paris, puis nous étudierons les différentes leçons qu'il va recevoir, et enfin, nous verrons comment ce personnage a évolué à la fin de cette tragique histoire.
Tout d'abord, Balzac nous présente le personnage d'Eugène Rastignac, comme un jeune homme innocent et naïf, lors de son entrée dans la société parisienne. En effet, à son arrivée à la pension Vauquer, on aperçoit un jeune homme candide, cherchant seulement à réussir ses études de droit afin d'améliorer le quotidien au sein de sa famille : il "était un de ces jeunes gens façonnés au travail par le malheur, qui comprennent dès le jeune âge les espérances que leurs parents placent en eux, et qui se préparent une belle destinée en calculant déjà la portée de leurs études" (l. 252-256, p.67). De plus, cet "aventureux méridional" (l. 1026, p.97) est spontané, du moins au début de sa vie à Paris, et il ne connait pas encore les "diverses étiquettes parisiennes" (l. 2047, p.131) : ainsi, il appelle innocemment la vicomtesse de Beauséant "ma cousine" (l. 2179, p. 135), ignore les moeurs de la haute société et ne sait pas maîtriser ses réactions. Toutefois, il va promptement réussir à comprendre la société qu'il l'entoure : sa deuxième visite chez Madame de Beauséant lui apprend, par exemple, l'orgueil aristocratique (...)
[...] Il va alors demander à sa famille de faire d'immenses sacrifices afin de lui envoyer de l'argent. S'il compte jouir à son tour des rêves que donne ce dernier, c'est surtout par les femmes, une femme (Delphine de Nucingen) qu'il va essayer de parvenir Par ailleurs, son apprentissage va se poursuivre avec Vautrin : si au début ce dernier ne fait que refroidir les enthousiasmes, les élans du jeune homme, il va ensuite lui livrer sa leçon d'arrivisme. En effet, lorsque Eugène de Rastignac parle, émerveillé, de sa première rencontre avec Madame de Restaud lors du bal de la vicomtesse de Beauséant, Vautrin lui tint un virulent discours sur les infamies parisiennes, puis, au moment où il reçoit l'argent de sa famille cet inquiétant personnage lui lance comme un coup de fouet par regard profond (l.205-206, p.166). [...]
[...] Synthèse : Le Père Goriot, un roman d'apprentissage ? Honoré de Balzac, illustre écrivain français du XIXe siècle, est l'auteur d'une œuvre immense : La Comédie Humaine, qui regroupe quatre- vingt-onze romans écrits en vingt ans. En 1835, l'écrivain publie Le Père Goriot, qui marque sans doute l'étape la plus importante dans la construction de son œuvre. Celui-ci relate l'histoire d'un jeune provincial, Eugène de Rastignac, qui découvre au fil du roman les règles cyniques qui gouvernent la société. On peut alors se demander si Le Père Goriot est un roman d'apprentissage, c'est-à-dire un roman qui a pour thème le cheminement évolutif d'un héros, souvent jeune, jusqu'à ce qu'il atteigne l'idéal de l'homme accompli et cultivé. [...]
[...] Par ailleurs, l'innocence de Rastignac est également présente dans l'œuvre, à travers l'image de la féminité : en effet, certains de ses traits de caractères trahissent une certaine pureté, il n'est pas encore un homme réfléchi, accompli et mûr. Ainsi, Madame Couture le compare à une jeune fille p.259) en le regardant dormir, à la table de la pension Vauquer. De plus, au moment ou le Père Goriot lui présente l'appartement qu'il a loué pour ce dernier ainsi que pour sa fille, Delphine de Nucingen, il lui dit : Nous vous avons eu des meubles comme pour une épousée p.249). Ces images de la féminité vont même jusqu'à comparer Eugène de Rastignac à une vierge p.219). [...]
[...] D'autre part, la passion démesurée du Père Goriot pour ses deux filles ainsi que son agonie apportent une ultime leçon à Eugène de Rastignac. En effet, l'amour qu'il porte à Anastasie de Restaud et à Delphine de Nucingen pourrait être qualifié de malsain : pour elles, il se livre à tous les excès Un homme qui rendrait ma petite Delphine aussi heureuse qu'une femme l'est quand elle est bien aimée ; mais je lui cirerais ses bottes, je lui ferais ses commissions l. [...]
[...] Face à la tombe, Eugène a scruté le fond des cœurs, et la mort pathétique du Père Goriot marque la fin de son éducation. Son agonie solitaire ôte à Rastignac ses derniers scrupules. Il est désormais seul face à la vie, en position d'adulte ; ses maîtres, ou ses inspirateurs, l'ont quitté : Mme de Beauséant s'est retirée, Vautrin a été arrêté, le Père Goriot est mort. Ainsi, maintenant seul et ayant versé sa dernière larme de jeune homme p. [...]
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