Manon Lescaut, Abbé Prévost, religion, morale, Philippe Duc d'Orléans, Des Grieux, prince François II Rakoczy, règlement de comptes, début de la Régence, séduction, immoralité, libertinage, personnage en marge, péché originel, rédemption, satire, mariage
Le marquis de Sade admire Prévost parce que son illustre prédécesseur met « en scène les malheurs de l'amour [et] les épreuves de la vertu ». Il souligne ainsi sa dimension morale. Celle-ci est du reste affirmée d'entrée de jeu dans l'«Avis au lecteur » de Manon Lescaut. L'abbé déjoue ainsi les critiques : son « ouvrage entier est un traité de morale ». Au début de ce texte d'escorte, il a d'ailleurs revendiqué « l'instruction des moeurs » (p. 30). Or la satire est écrite au nom du bien pour dénoncer les vices, pour critiquer l'univers politique, social, religieux, idéologique, c'est-à-dire au nom de la morale. Il est donc naturel de penser que Prévost peut l'utiliser dans son roman, d'autant qu'en 1724 il a publié une oeuvre où, entre autres, il faisait la satire des ordres religieux, les Aventures de Pomponius, chevalier romain, ou histoire de notre temps. Où l'on trouve l'histoire secrète de Philippe Duc d'Orléans, Régent de France et du cardinal du Bois, premier ministre.
[...] # Prévost peint donc une société où tout se vend et tout s'achète. La galerie de personnages, antipathiques parce qu'ils représentent les vices de la société, par contraste, permet aux héros, pourtant « fripons » eux-mêmes, d'attirer la sympathie du lecteur. II ~ La satire sans la morale : la séduction de l'immoralité Les deux héros sont des personnages en marge, c'est-à-dire en dehors des normes morales. Le lecteur découvre leurs transgressions, mais loin d'en être horrifié, il s'en délecte. [...]
[...] Contrairement à ce qu'écrivait Sade, ce ne sont pas les « épreuves de la vertu », mais celles du vice que l'on découvre. Parfois plaisantes, souvent tragiques, elles instruisent bien le lecteur, avec la séduction qui leur est attachée. Le moraliste qu'est Prévost a le bon goût de ne pas recourir au manichéisme et de montrer la complexité de l'âme humaine, comme le fera Laclos avec le personnage de Valmont dont l'immoralité est finalement effacée par l'amour. [...]
[...] Les aventures des personnages en marge de la société permettent-elles de considérer Manon Lescaut comme un roman satirique et moraliste ? INTRODUCTION Le marquis de Sade admire Prévost parce que son illustre prédécesseur met « en scène les malheurs de l'amour les épreuves de la vertu». Il souligne ainsi sa dimension morale. Celle-ci est du reste affirmée d'entrée de jeu dans l'«Avis au lecteur » de Manon Lescaut. L'abbé déjoue ainsi les critiques : son « ouvrage entier est un traité de morale ». [...]
[...] CONCLUSION Prévost donne donc à voir une galerie de personnages qui ont un rapport condamnable à la morale : il se livre alors à une satire ample, qui attaque aussi bien les personnages en marge de la société que ceux qui se trouvent à son sommet, plus hypocrites. Quand les deux héros, qui se sont marginalisés, s'en prennent à eux, c'est encore une manière de prendre les puissants pour cibles, en riant et en relativisant leur immoralité somme toute juvénile. De toute façon, la fin est édifiante. Prévost compose bien un roman satirique et moraliste. [...]
[...] C'est lui encore qui aggrave la délinquance de Des Grieux en chargeant le pistolet qu'il lui remet pour l'évasion de Saint-Lazare au cours de laquelle le jeune homme devient meurtrier : « C'est votre faute, lui dis-je ; pourquoi me l'apportiez-vous chargé ? » (p. 101). Sa mort au coin d'une rue ressemble à un règlement de comptes : « C'est Lescaut, dit-il, en lui lâchant un coup de pistolet ; il ira souper ce soir avec les anges. » (p. [...]
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