Depuis Rousseau, les entreprises autobiographiques se sont multipliées et tous les auteurs se sont heurtés à la difficulté de dire le réel au point que certains ont parfois affirmé que « leur vie une fois racontée leur semble fausse et comme inventée ». Ce problème est-il définitivement insurmontable ? Ne peut-on recréer le réel par l'écriture sans le déformer ?
L'autobiographie présente une certaine prétention à dire la vérité. L'auteur passe alors le plus souvent une sorte de pacte avec le lecteur. Il lui promet de ne pas se montrer autrement qu'il ne l'a été ; ni meilleur, ni moins bon. Il lui fait donc promesse de raconter sa vie telle qu'il l'a vraiment vécu.
[...] Cependant, il faut tout de même avouer que l'autobiographie est limitée dans son jugement. L'auteur diminue obligatoirement ses faiblesses pour ne pas réduire son personnage et, dans ce cas, il se donne plus d'importance. Cet acte n'est néanmoins pas forcément conscient, l'auteur ne voulant pas s'avouer ses propres défauts, se fabriquant ainsi la personne qu'il aurait aimé être, se créant un idéal. Todorov le dit bien dans Devoirs et délices, une vie de passeur : Même si je trouve que se vanter soi-même est infantile, ma description de moi-même ne saurait être critique. [...]
[...] Il est alors impossible de lui donner raison. La narration d'évènements historiques que l'on a vécus est également difficile. La souffrance ressentie, la dureté de ces instants, prennent le dessus par rapport aux faits réels. Jorge Semprun dans L'Ecriture ou la vie dit Pourtant un doute me vient sur la possibilité de raconter puis, plus tard, Mais cela n'a rien d'exceptionnel : il en arrive ainsi de toutes les grandes expériences historiques. De plus, l'écrivain recherche une justification de ses actes ; il veut donner un sens à sa vie. [...]
[...] Dans une autobiographie, est-il possible de raconter sa vie de manière véridique, sans la déformer ? Depuis Rousseau, les entreprises autobiographiques se sont multipliées et tous les auteurs se sont heurtés à la difficulté de dire le réel au point que certains ont parfois affirmé que leur vie une fois racontée leur semble fausse et comme inventée Ce problème est-il définitivement insurmontable ? Ne peut-on recréer le réel par l'écriture sans le déformer ? Nous montrerons tout d'abord ce qui permet de s'approcher de la réalité lors de l'écriture de sa vie pour ensuite nous pencher sur le fait que l'entreprise autobiographique rencontre trop de difficultés pour être réalisable. [...]
[...] Par ailleurs, la recherche de soi occupe une grande partie de notre vie. Malgré tout, nous ne pouvons nous connaître parfaitement. Déjà dans l'Antiquité, Socrate disait Connais-toi toi-même Alors, si nous ne pouvons réellement nous connaître, car nous en apprenons chaque jour, dites-moi comment peut-on nous faire croire que l'on peut retranscrire sa vie sans la déformer ? Comment peut-on avoir l'audace de dire que l'on est capable d'expliquer ses actes ? Cela est improbable ! De même, la déformation de passages de notre vie est évidente. [...]
[...] De plus, nous n'avons aucune objectivité et nous voulons tous atteindre un certain idéal de vie et l'autobiographie permet alors de donner cette illusion. Elle fait ici de nous un personnage où l'on pense se retrouver. Je pense donc que le but de l'autobiographie n'est pas simplement de raconter sa vie, mais surtout de convaincre son auteur que son existence n'est pas inutile. Alors me dire que l'on est capable de raconter son vécu sans le déformer est, je trouve, se moquer ouvertement de ma personne. [...]
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