Dissertation entièrement rédigée, réalisée dans le cadre de la préparation au CAPES de Lettres Modernes et consacrée à l'autobiographie. "Gilles Deleuze écrit dans
[...] Ainsi, nous pouvons nous interroger sur le titre même de l'autobiographie de Nathalie Sarraute, Enfance. L'absence de déterminant montre la visée profonde du texte : il ne s'agit pas tant de raconter son enfance propre, mais bien plus de représenter l'Enfance. Tout au long du texte, il s'agit, comme le montre Monique Gosselin dans son étude, de s'évaluer par rapport aux autres. En racontant ses propres souvenirs d'enfance, Nathalie Sarraute s'attache à montrer en quoi la sienne est différente, pour parvenir finalement à une généralité. [...]
[...] L'impersonnel amènerait le lecteur à se déposséder, à se dessaisi[r] du pouvoir de dire Je Le lecteur, et quelque part aussi l'auteur, doit s'oublier par la lecture, devenir autre. La littérature au sens de Deleuze n'a pas pour but d'offrir au lecteur une image de lui-même. C'est pour cela que l'impersonnel est singulier : il ne s'agit pas de décrire une généralité où tout le monde pourrait se retrouver, mais créer un être singulier, d'où la difficulté du métier d'écrivain. [...]
[...] L'autobiographie n'est donc finalement que cette réécriture, mais affichée, recentrée. C'est ce qui amène Philippe Lejeune à parler d' espace autobiographique en particulier à propos de l'œuvre de Gide. Dans Les Faux-Monnayeurs, avec la relation entre Edouard et Olivier Gide parle d'un sujet qu'il reprendra dans Si le grain ne meurt, la pédérastie. L'intérêt de l'autobiographie apparaît différente de celle du roman : si dans l'un il s'agit d'évoquer un sujet tabou à l'époque, dans l'autre il s'agit de passer aux aveux. [...]
[...] Ainsi, dans les Mots, Sartre démystifie la naissance de son goût pour l'écriture, à travers ses échecs, mais pourtant la seconde partie du livre a pour titre Ecrire D'autre part, il y a un fort travail de création dont on ne peut nier l'existence. Commençons par le commencement : l'écriture. Il n'est pas question de débattre de la présence d'un langage dit littéraire dans le texte, sujet trop litigieux. Cependant, nombre d'autobiographies se lisent comme un roman ce qui a amené Philippe Lejeune à devoir préciser la distinction entre ces deux genres dans Le Pacte autobiographique. Tout comme dans un roman, le texte autobiographique utilise des figures de style, pour produire des effets. [...]
[...] Le rôle de l'auteur dans cette problématique de l'objectivité n'est pas uniquement celui d'un régisseur. Italo Calvino, dans La machine littérature, insiste sur le fait que l'auteur est le premier personnage de son œuvre : La condition préliminaire de toute œuvre littéraire est la suivante : la personne qui écrit doit inventer ce premier personnage qui est l'auteur de l'œuvre Il explique par ailleurs que l'auteur de Madame Bovary n'est pas celui La Tentation de Saint Antoine, par exemple. Ce premier personnage est un lieu vide un je fantomatique Ainsi, l'impersonnel au sens dans lequel l'entend Gilles Deleuze n'est pas uniquement un problème d'ordre grammatical. [...]
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