A travers l'autobiographie, l'écrivain entreprend de rapporter sa vie au lecteur, il peut parfois revenir sur ses souvenirs d'enfance qui l'ont affecté, sujet sur lequel se fonde le récit autobiographique, qui est la base de la vie.
Aussi, l'écrivain autobiographe doit-il nécessairement évoquer son enfance dans son œuvre ?
Au regard du lecteur, cela apparaît comme une nécessité et une évidence car c'est la source du récit de la vie de l'auteur. L'autobiographe, lui, hésite à dévoiler tout de cette période, il ne revendique cependant pas entièrement son devoir de franchise envers le lecteur.
On s'interroge alors : réalité et fiction sont-elles à la fois présentes dans le récit de l'autobiographe ?
[...] Ainsi dans W ou le souvenir d'enfance, Georges Perec écrit : je n'ai pas de souvenirs d'enfance. Jusqu'à ma douzième année, mon histoire tient en quelques lignes. En effet, ce sont ses parents qui sont morts en déportation, aussi il hésite à en parler. Ce livre illustre avec exemplarité le fait que l'auteur doit parfois, malgré lui, évoquer sa jeunesse. Puis, l'auteur a quelquefois la difficulté de séparer la réalité de la fiction, ses souvenirs sont trop imprécis car trop lointains, ou car ils ne lui reviennent que par fragments (flash). [...]
[...] Avec une certaine nostalgie sur le temps passé, elle nous montre ainsi des rapports familiaux qui l'ont marqué. De plus, dans les mémoires d'outre-tombe (livre chap Chateaubriand raconte un épisode de son enfance où il a eu le sentiment d'être victime d'une injustice. Cela met en rapport les sentiments qu'éprouve le narrateur, au regard de cette période où il ne savait comment réagir. Celle-ci l'a incontestablement marqué sur sa vie et sa personnalité. De même, Driss Chraïbi, dans son livre intitulé La civilisation, ma mère ! [...]
[...] Tout d'abord, l'autobiographe doit retracer le début de sa jeunesse dans son ouvrage. L'évocation de cette période lui permet par conséquent de comprendre et d'analyser son évolution, c'est une période décisive de sa vie qui le marque profondément, mais l'auteur apporte aussi un témoignage, une preuve de sa vie. En effet, dans Pastiches et mélanges (1919) de Marcel Proust, l'auteur affirme : Il n'y a peut être pas de jours dans enfance que nous ayons si pleinement vécus. Proust regrette ainsi une enfance certes trop courte, ce qui la rend plus unique et plus différente par rapport aux autres périodes, mais aussi plus différente. [...]
[...] D'une certaine manière, l'auteur, en accordant une place plus importante dans son livre à l'enfance, se justifie sur la cause de ses actes antérieurs. Le lecteur voit ainsi l'auteur attaché à sa période, sans laquelle il ne peut expliquer pourquoi il est devenu écrivain. Ensuite, certains autobiographes choisissent de raconter partiellement leur enfance dans leurs œuvres. Premièrement, parce que cette période peut susciter et rappeler de mauvais souvenirs (la souffrance par exemple), d'où la difficulté de l'autobiographe : est-il capable de tout dévoiler, y compris les moments les plus douloureux ? [...]
[...] D'une part, dans Amkoullel, l'enfant Peul, d'Hampâté Bâ, le narrateur relate au début du livre les évènements tels qui lui ont été rapportés par ses proches. D'autre part, Jean Jacques Rousseau, dans Les confessions : s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplier un vide occasionné par mon défaut de mémoire. Conclusion Parler de son œuvre soulève parfois de multiples problèmes pour l'autobiographe : il est confronté à la réalité et à la fiction. Les limites du pacte autobiographique se fixent, elles, entre les défaillances de la mémoire et le souci de dire la vérité au lecteur, désormais troublé. [...]
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