C'est dans une sorte d'euphorie enfantine, confuse et naïve, que Rimbaud nous décrit un lever de soleil, découvert par un enfant. Précurseur précoce et prolifique du surréalisme, puisque les surréalistes se réclament de lui, le poète rebelle exigeait, recherchait l'exaltation, par la quête d'une vision particulière du monde. Ici, Rimbaud l'enfant orgueilleux, nous montre sa folle poursuite, presque idyllique, avec l'aube, dans un monde où tout est interprétation, dans un cadre féerique. Il n'y a rien de concret et encore moins de réaliste. C'est un rêve éveillé durant la période si particulière qu'est l'aube.
[...] L'Aube L'aube ou l'enfance perdue représente un enfant de 2-4 ans, quand la matinée serait la grande enfance, le midi comme l'été, l'apogée de la maturité, une sorte d'accomplissement, de plénitude tranquille. On voit que l'enfant a au moins deux ans, il sait marcher, parler, il veut réaliser ses désirs Rimbaud essaye peut-être de revivre son enfance heureuse et insouciante. Il y réussit partiellement, comme le montrent la première phrase et toutes les suivantes jusqu'à l'avant-dernière. Il pensait pouvoir réussir, c'est peut-être une demi-réussite. Quelque part, il a revécu ces instants. [...]
[...] De plus, il est "en haut de la route". Mais on ne retourne pas impunément en arrière. Rimbaud a cru pouvoir le faire, il tombe d'autant plus haut (dernier vers), comme le souligne l'allitération des labiales lourdes en et les voyelles plutôt lourdes: om, en, an, oi. On remarque la symbolisation spatiale de la fin qui s'oppose au "en haut de la route". Il se dissocie de l'enfant dans cette phrase. Il a compris, c'est la fin de ce retour en arrière par la pensée. [...]
[...] Tout est brillance, richesse, dans une atmosphère paradisiaque: le fait que tout soit abstrait laisse libre cours à l'imagination. Le paradis est plus grandiose encore s'il est imaginé. L'enfant est comme submergé par l'abondance des éléments. Le texte tout entier montre un éveil dont on n'imagine pas au départ l'ampleur. La vie universelle, l'émerveillement, l'euphorie de l'enfant se retrouvent dans la fleur qui parle (cf. Lewis Carroll), l'aube qui l'enlace, le wasserfal La personnalisation et l'animation sont courantes chez Rimbaud. [...]
[...] La nature se met au service du héros. La déesse est la mère, une sorte de "mère nature" (la nature renvoie a tout ce qui est maternelle), les édifices, le palais, renvoient à une image paternelle. Ainsi, l'enfant passe devant le père pour rejoindre sa mère. Comme un conte exalté, glorifié, avec papa maman (reine) et moi (petit prince) qui est le héros qui réveille la nature. Cadre temporel La première action semble le résultat de tout ce qui se passe dans les cinq strophes. [...]
[...] Il restitue nos expériences dans leur nouveauté et dans ce qu'elles ont de fort. Il s'agit de retrouver la force des expériences premières. Enfin, on sait que Rimbaud a arrêté d'écrire après les Illuminations. On peut donc penser que la recherche de l'aube est la recherche de son inspiration. Son aventure poétique s'arrête à son apogée. Une fois arrivé à midi, le poète s'arrête d'écrire, à l'heure où la plupart commence à peine. Cette aventure qui commence et se finit très tôt de manière courte mais intense pourrait résumer l'itinéraire poétique de Rimbaud. [...]
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