Dissertation niveau bac de français de première S.
[...] Enfin, la troisième question renvoie à la possibilité pure et simple de l'auteur de nous plonger dans les pensées d'un personnage. Car un auteur est lui-même prisonnier de son appréhension du monde physique. Le roman n'est-il pas que la projection multidimensionnelle de la sensibilité de son auteur. Est-il même capable de se sortir réellement de lui-même et de permettre par le biais du roman à son lecteur de toucher les pensées et émotions d'autres personnes ? En définitive, les développements suivants visent à aborder la possibilité d'un romancier de se couper des pensées de ses personnages et dans quelle mesure cette perspective est inattendue chez le lecteur (I.). [...]
[...] Ils n'ont pas à se mettre dans la peau des personnages - ils peuvent jouer leur propre personnage. » (Notes et contre-notes de Ionesco). La souffrance et / ou la résistance des personnages s'expriment dans un espace figé et dématérialisé, sans perspective ni temporelle ni spatiale. Ainsi, le timide amoureux de Daisy, Béranger, est au final présenté comme un véritable héros, résistant à la transformation de la société et au diktat du conformisme. Ce ne sont pas les pensées du personnage qui sont mises en scène ; le récit est prétexte à la métaphore, dans une critique post seconde guerre mondiale du nazisme, du totalitarisme et de l'horreur humaine. [...]
[...] La crudité du langage visant à interpeller le lecteur Rappelons que le théâtre de l'absurde a pu se faire également théâtre de la violence, l'effondrement du langage se faisant miroir de l'effondrement des personnages. De longue date, les écrivains ont pu chercher à plonger le lecteur dans les pensées les plus profondes de leur personnage. Rappelons l'une des œuvres centrales de Dostoïvski, Les Carnets du sous-sol (1864), laquelle nous plonge dans les pensées d'un homme isolé dans un sous-terrain qui se raconte inlassablement, sa haine, sa solitude, son humiliation, ses meurtres fantasmés. Une série d'auteurs ont pu développer une approche expérimentale pour le lecteur. [...]
[...] Entre monde humain et inhumain, le roman moderne suggère une nouvelle approche, empruntant la sphère romanesque comme décor d'une expérience pour le lecteur. Cette approche expérimentale vise ainsi à présenter non plus les pensées de personnages plus ou moins réalistes, mais à offrir des coquilles vides où l'imaginaire et les pensées du lecteur lui-même peuvent se projeter et l'interroger sur sa propre condition et ses valeurs. Un vide dans les pensées des personnages qui interroge la nature humaine du lecteur Ainsi, les personnages ionescien deviennent des « personnages sans caractère. [...]
[...] Le roman par principe permet d'accéder aux pensées des personnages. « La trouvaille du romancier a été d'avoir l'idée de remplacer ces parties impénétrables à l'âme par une quantité égale de parties immatérielles, c'est-à-dire que notre âme peut assimiler. » (Proust) Dans le théâtre et le roman conventionnels, un accord tacite est passé entre l'auteur et son lecteur : les clichés sont acceptés, le décor est classiquement planté, et l'auteur conduit le lecteur au travers d'un voyage à travers les pensées des personnages. [...]
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