L'Artiste (1857), Baudelaire, Madame Bovary, figure d'une héroïne, dithyrambe, antihéros, Flaubert, préjugés sociaux, Charles Bovary, adultère, vanité, insensibilité, désespoir existentiel, idéal romantique, Zola
Dans l'article qu'il consacre à Madame Bovary, Baudelaire chante les louanges d'Emma Bovary, reconnaissant en elle "toutes les grâces du héros". Alors que le roman est condamné pour immoralité, et que Flaubert entretient lui-même une piètre opinion de son personnage, cette dithyrambe est en complet décalage avec l'opinion générale : il parait a priori inconcevable que cette bourgeoise adultère puisse prétendre à une quelconque forme d'héroïsme et d'admiration. Devons-nous alors, comme Baudelaire, voir en Emma Bovary la figure d'une héroïne ? Tout d'abord, nous verrons en quoi ce personnage peut révéler certains aspects de l'antihéros. Puis, nous montrerons comment Emma s'érige en héroïne de son propre mythe.
[...] L'Artiste - Baudelaire (1857) : Madame Bovary, la figure d'une héroïne ? Dans l'article qu'il consacre à Madame Bovary, Baudelaire chante les louanges d'Emma Bovary, reconnaissant en elle "toutes les grâces du héros". Alors que le roman est condamné pour immoralité, et que Flaubert entretient lui-même une piètre opinion de son personnage, ce dithyrambe est en complet décalage avec l'opinion générale : il parait a priori inconcevable que cette bourgeoise adultère puisse prétendre à une quelconque forme d'héroïsme et d'admiration. [...]
[...] Cette recherche de l'idéal se manifeste également dans ses désirs amoureux : elle se figure un amant chimérique, qui serait "comme un dieu". Le roman de Flaubert s'apparente au mythe, au sens de fiction narrative de laquelle émerge une vérité complexe, à savoir ce caractère insatiable du désir et de ses ambitions démesurées, désignés a posteriori par le terme de bovarysme. Emma devient ainsi l'héroïne de son propre mythe qui, à la manière d'un Don Quichotte, est en quête d'un idéal et se projette en des personnages glorieux tels que Marie Stuart. [...]
[...] Enfin, Madame Bovary est véritablement une héroïne tragique. Ses aspirations déçues et ses désirs perpétuellement inassouvis révèlent une forme de désespoir existentiel. Emma n'atteindra jamais son idéal et, criblée de dettes, elle se suicide, en s'empoisonnant à l'arsenic. Sa mort, particulièrement atroce et savamment mise en scène (elle demande un miroir, comme pour fixer son image au-delà de la mort), participe à mythifier le personnage d'Emma. Elle préfère mourir que de révéler ses fautes à son mari et évite ainsi l'humiliation. [...]
[...] Emma Bovary est ordinaire, mais se donne un destin, elle est une héroïne tragique, aspirant aux grandeurs idéales, romanesques, romantiques et poétiques ; devenue un mythe. L'idéal romantique que poursuit Emma Bovary peut faire écho à l'idéal artistique. Dans cette perspective, elle peut être assimilée au personnage de Claude Lantier, dans L'Oeuvre de Zola, un peintre éternellement insatisfait, perfectionniste, qui ne parviendra jamais à terminer aucune toile, car ses aspirations sont démesurées. Considéré comme ridicule et raté par certains, comme génial par d'autres, il se suicidera, comme Emma, de ne jamais avoir pu atteindre son Idéal. [...]
[...] Il va donc sans dire que la dame n'est pas d'une vertu inébranlable. Mais l'adultère ne revêt ni la passion ni l'extase promise par ses lectures : elle y retrouve "toutes les platitudes du mariage" et force est de constater que le choix de ses amants ne fait que prolonger le ridicule d'Emma. Elle s'éprend d'un petit clerc de notaire aussi naïf qu'elle, puis se laisse séduire par un beau parleur, qui finit par se lasser d'elle et de ses exigences. [...]
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