Lorsque l'Art poétique paraît en 1555, il se situe au sein d'un contexte politique et culturel qu'on ne peut ignorer pour en comprendre toute la portée. Suite à la politique en faveur du français menée par les rois François Ier et Henri II et notamment le traité de Villers-Cotterêt en 1539 qui impose le français dans les textes officiels, la bataille du français est gagnée mais la langue vulgaire n'est pas encore l'égale du latin qui reste langue de savoir, de prestige et de diffusion européenne.
Afin de donner des règles au français, de l'affranchir de l'imitation servile des modèles antiques, d'illustrer ses nombreuses possibilités, les poètes de la Pléiade, groupés autour d'une vision commune de la création littéraire et des deux personnages phares que sont Ronsard et Du Bellay, rompent avec l'héritage des générations précédentes et théorisent de nouveaux principes.
Par ailleurs, la traduction faite par Peletier de l'Art poétique d'Horace sera le point de départ de nombreuses discussions sur les buts et les moyens de la poésie, inaugurant en France une époque de polémique accompagnée d'une rare effervescence théorique. En 1555, Peletier du Mans a le mérite de réunir les idées de toute sa génération dans son Art poétique, titre en lui-même peut-être contradictoire puisqu'on ne peut enseigner la perfection poétique mais seulement les moyens d'illustrer la langue.
[...] Par exemple, Peletier voit en Lucain un orateur plutôt qu'un poète, parce qu'il a pris un sujet trop historique. www.oboulo.ocm 5. Des genres d'écrire Peletier reprend un à un les différents genres et commente la façon dont il faut les traiter: L'épigramme Le sonnet L'ode L'épître, l'élégie, la satire La comédie et la tragédie L'œuvre héroïque Les licences poétiques. Cependant, une règle commune se détache : les catégories de l''inventio, de la dispositio et de l'élocutio sont indispensables à tout écrit. L'inventio est la vie ou l'âme du poème, la dispositio son ordonnance, et l'élocutio expose les conceptions. [...]
[...] Les poètes veulent imiter le monde, la création, le monde de l'esprit. Pour Ronsard, "l'office du poète est d'imiter, inventer et représenter les choses qui sont ou qui peuvent être vraisemblables. ( ) Concevant les idées et formes de toutes les choses qui se peuvent imaginer, tant célestes que terrestres, animées ou inanimées, pour après décrire et imiter." Peletier, en s'inspirant de Quintilien, tente de concilier la thèse de l'imitation et la recherche de l'originalité par l'idée d'un dépassement du modèle. [...]
[...] Le recueil marque l'apparition en France de la poésie scientifique et on y trouve aussi toute l'attirance de Peletier pour l'astrologie où il lira sa prédisposition à la connaissance et même tout son destin. La vie de l'humaniste continue ainsi entre retour à la capitale et départs en province qui le mettent à l'écart des grands événements poétiques, notamment la Composition du Tombeau de la Reine de Navarre. En 1581 (l'année précédent sa mort), il publie son dernier recueil, les "Œuvres poétiques intitulées "Louanges" où l'on trouve une "louange de la sciance" considérée comme son testament intellectuel Peletier et la Pléiade Aîné de Du Bellay et de Ronsard qu'il a connus avant même qu'ils n'entrent au collège de Coqueret, Peletier est indissociable du grand mouvement poétique du siècle même si on gardera longtemps de lui l'image d'un mathématicien et que sa carrière connaîtra un succès d'estime plutôt limité à ses proches. [...]
[...] La poésie scientifique y est présentée comme l'aboutissement des théories platoniciennes de l'amour en faveur chez les Lyonnais. C'est à cette époque que Peletier, après avoir passé quelques années à Lyon dans les cercles fréquentés par Maurice Scève, écrit à celui-ci pour lui dédier ses "Eléments de la géométrie d'Euclide". Poète ambitieux et encyclopédique qui fait connaître la vérité scientifique. La diversité de ses curiosités et sa disponibilité à toutes les aventures de l'esprit font de lui un novateur, une figure caractéristique de la Renaissance. [...]
[...] Mais si on distingue en nous ce qui est donné directement et ce qui s'acquiert par l'exercice, l'art paraît jouer le plus grand rôle. Dans son Art Poétique de 1548, Thomas Sébillet affirme que le poète du 16e siècle doit posséder quatre qualités : la nature, c'est-à-dire la facilité d'écrire, la doctrine, qui est le patrimoine de connaissance enseigné dont l'inventio, la fureur en tant qu'inspiration et que don, et l'art, c'est-à-dire ce qui résulte de la pratique, la maîtrise des choses. [...]
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