Le Zen consiste en l'élimination de tout le superflu, de l'univers «mental». Cela n'empêche pas la doctrine zen, averbale en théorie, d'avoir été accompagnée, pendant toute son histoire, de volumes de koan (devinettes), sutras et commentaires. Dès le début, les expressions du Zen dans les arts figuratifs n'ont pas non plus manqué. En ce qui concerne la production poétique, l'influence du courant ne s'est fait sentir que lorsque la popularité du Zen a coïncidé avec un développement de la riche tradition poétique japonaise. Des auteurs de la période Edo de l'ère Tokugawa (1615-1868) élaborèrent alors une forme de versification correspondant à la simplicité du Zen : les haïkus, comme on nommait ces très courtes compositions en vers, servent remarquablement bien à éclaircir le principe sur lequel se fonde toute la vision zen des choses.
[...] Les aristocrates, au contraire, tenaient aux formes classiques du waka, plein d'allusions à des poèmes chinois et caractérisé par de subtiles atmosphères de mélancolie. Le haïku fut, dans ce contexte, une contribution de la classe des marchands, une forme de bourgeoisie. Le plus célèbre et peut-être le premier créateur fut le grand maître Bashô (1644-1694), né samouraï et affecté jusqu'à vingt-deux ans au service d'un puissant daimyo (seigneur féodal). Lorsque celui-ci mourut, Bashô pensa à se faire moine, mais il décida finalement de se rendre à Kyoto pour y étudier les antécédents du haïku, c'est-à-dire le renga et le waka. [...]
[...] Bashô fit école, le haïku fut considéré comme la plus haute forme de poésie japonaise. Sur les traces du maître apparurent d'autres grands poètes comme Buson (1716-1783) dont un bon exemple de la production est donné par ce haïku : Mi-ni-shimu ya bo-sai-no kushi neya ni fumu Le froid que je sens le peigne de ma femme morte dans notre chambre sous mon talon. Le haïku est une poésie «abstraite» dans le sens que l'on donne en Occident à un certain genre de peinture et de sculpture. [...]
[...] Une autre difficulté de la versification vient du fait que le japonais manque d'accent. Les poètes italiens, au cours des siècles, surmontèrent des difficultés semblables en ayant recours à l'accentuation rythmique. Mais cela est impossible en japonais et les poètes ont dû élaborer une méthode consistant à remplacer la métrique par un système de nombre de syllabes fixes, cinq ou sept pour chaque vers (cela signifie que quelquefois un vers est composé d'un seul mot). Au lieu de la rime, ils apprirent à orchestrer la tonalité des voyelles de façon à donner un sens musical à la composition. [...]
[...] L'art du haïku Le Zen consiste en l'élimination de tout le superflu de l'univers «mental». Cela n'empêche pas la doctrine zen, averbale en théorie, d'avoir été accompagnée, pendant toute son histoire, de volumes de koan (devinettes), sutras et commentaires. Dès le début, les expressions du Zen dans les arts figuratifs n'ont pas non plus manqué. En ce qui concerne la production poétique, l'influence du courant ne s'est fait sentir que lorsque la popularité du Zen a coïncidé avec un développement de la riche tradition poétique japonaise : des auteurs de la période Edo de l'ère Tokugawa (1615- 1868) élaborèrent alors une forme de versification correspondant à la simplicité du Zen : les haïkus, ainsi que l'on nommait ces très courtes compositions en vers, servent remarquablement bien à éclaircir le principe sur lequel se fonde toute la vision zen des choses. [...]
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