Diderot, auteur des Lumières, né en 1712 et mort en 1784, a écrit son célèbre roman Jacques le Fataliste partir de 1765, mais sa rédaction s'est échelonnée sur plus de dix ans. Cette œuvre a été publiée après sa mort et a suscité de nombreuses remarquer et critiques. L'une d'elle affirme que l'art de Diderot est de nous empêcher de réfléchir. Cette critique s'applique-t-elle à Jacques le Fataliste et son maître ? Diderot, dans cette œuvre, nous ouvre-t-il des portes à la réflexion ou nous mène-t-il dans ce roman en nous empêchant de réfléchir ? Afin de répondre à ces interrogations, nous étudierons dans une première partie comment Diderot arrive à nous empêcher de réfléchir. Une seconde partie tâchera quant à elle d'affirmer le contraire.
[...] Pour finir, nous pouvons revenir sur la multiplicité des jugements, leur grand nombre ne nous permet pas de choisir clairement le sien, le choix devient trop important. Ces multiples jugements apparaissent principalement lors des très nombreuses et variées satires de la société qui peuvent alors paraître trop radicales ou difficiles à admettre pour les lecteurs des cette époque. Mais cette forme déroutante n'est pas pour autant la seule raison pouvant justifier ce détournement du lecteur de la réflexion. Une certaine priorité donnée au divertissement En effet, Diderot donne clairement la priorité au plaisir et au divertissement que la lecture peut apporter. [...]
[...] Mais dans Jacques le Fataliste et son maître, nous pouvons trouver d'autres arguments allant dans ce sens. Tout d'abord, la forme principale de cette oeuvre est le dialogue qui permet d'ouvrir la réflexion avec les différents points de vue présentés, elle permet la confrontation de points de vue différents. La forme dialoguée incite à la réflexion L'oralité du dialogue est sans doute la forme préférée de Diderot qui utilise dans un grand nombre de ces œuvres (Le supplément au voyage de Bougainville, par exemple), polémique et philosophique. [...]
[...] En effet, ce roman atypique ne cesse de brouiller les conventions littéraires du genre et déstabilise ainsi le lecteur qui peut alors avoir du mal à entrer dans l'histoire et participer aux débats qui y sont proposés. Ce sentiment d'être extérieur au récit peut venir de la forme même, mais aussi du rythme déroutant de l'œuvre et de son histoire qui est sans cesse interrompue par des récits secondaires, des anecdotes et autres digressions. Le lecteur n'a donc pas toujours le temps de s'attarder à réfléchir sur les questions présentées. [...]
[...] Il est clair, même si nous avons trouvé des éléments disant le contraire, que cette œuvre de Diderot n'empêche pas de réfléchir, du fait même de son époque : les Lumières qui tentaient d'ouvrir la réflexion du plus grand nombre pour remettre en question la société du XVIII. Ces grandes problématiques récurrentes nous montrent elles aussi cet aspect. Le roman déstabilise souvent le lecteur, l'embrouille régulièrement, le perd tout au long de l'œuvre, mais c'est pour mieux le réveiller par la suite, de tous les préjugés dont il peut être victime. Néanmoins, nous pouvons concéder le fait que Diderot souhaite que le lecteur aille dans son sens et incline sa réflexion dans une direction précise. [...]
[...] Bien sur, le thème amoureux, n'est pas le seul, il côtoie en effet un genre que l'on pourrait oser qualifier d'aventure ou d'épique avec leur rencontre avec les brigands par exemple, ou encore avec les nombreux duels entre l'ami du narrateur et son rival. Cela dit, tous ces récits sont teintés d'ironie, voire d'humour. Les personnages apparaissent bien souvent ridicules par leur insistance (l'ami du narrateur est déterminé à tuer son rival qui a blessé son honneur et symbolise cette blessure par un grand rond de tissus sur sa joue, qu'il réduit au fur et à mesure des duels avec l'homme). L'œuvre Jacques le Fataliste et son maître, d'une certaine façon empêche la réflexion profonde de celui qui le lit. [...]
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