Dissertation de Littérature (1re ES) ayant pour sujet : "Est-ce intéressant de recourir à un regard extérieur pour argumenter ?".
[...] Conclusion Avoir recours à un regard extérieur pour argumenter suscite certes l'intérêt du lecteur, mais peut aussi le fâcher. Parfois, y avoir recours n'est pas un choix mais une obligation, par exemple pour échapper à la censure : les lecteurs non-avertis n'y verront peut-être alors que l'aspect ‘fiction' et ne comprendront jamais le message que l'auteur a voulu faire passer. Cela dit, si l'auteur fait un discours composé d'arguments, de thèses et d'exemples, le lecteur n'y prêtera peut-être pas attention. [...]
[...] Même le fait que l'étranger qui nous observe ne soit pas lui-même irréprochable est bénéfique : au lieu de provoquer chez le lecteur un assentiment immédiat, qui est de l'ordre de la persuasion, et qui n'est peut-être pas très solide, l'auteur qui introduit dans son argumentation un regard neuf engage son destinataire à un débat intérieur, pour discerner ce qui est à prendre et ce qui est à laisser. La délibération est plus intéressant que le persuasion, car ce qui a déjà été discuté résiste mieux à la contestation que ce qui a simplement été intégré par une adhésion spontanée et peu réfléchie. [...]
[...] En outre, les auteurs qui utilisent un regard extérieur pour argumenter limitent la portée du message qu'ils veulent faire passer. En effet, si un auteur choisit de faire passer son message à travers une petite histoire, celui-ci n'est pas forcément facile à décoder : il se peut que le lecteur ne voit que le côté ‘fiction' d'une œuvre, et pas le côté ‘critique', ce qui serait évidemment un échec pour l'auteur. Par exemple dans Le Meilleur des Mondes de Aldous Huxley, c'est une utopie dans laquelle la société utiliserait la génétique et le clonage pour contrôler les individus : les enfants sont conçus dans des éprouvettes. [...]
[...] Dès lors, est-il bien qualifié pour critiquer, bien convaincant ? Une argumentation qui a recours à un regard extérieur est condamnée, parle fait-même, à prendre la forme d'une fiction ; elle ne peut plus être qu'une argumentation indirecte, avec tout ce que cela entraine comme inconvénients, puisqu'il faut que le lecteur déduise la thèse et les arguments de l'auteur. La naïveté des personnages donne une impression d'exagération qui nuit aussi à la crédibilité de la critique. FINALEMENT QU'EN EST-IL ? [...]
[...] Utiliser un regard extérieur est donc aussi intéressant dans la mesure où l'auteur peut susciter l'intérêt du lecteur tout en critiquant. Enfin, l'auteur peut faire ressortir les aspects largement critiquables de notre société qu'on ne voit même plus. Par exemple, dans les Lettres Persanes de Montesquieu, la société française est analysée par deux persans qui s'étonnent de tout. Dans la lettre XXX, Rica critique les français qui le regardent comme une bête étrange : je fus regardé comme si j'avais été envoyé du Ciel Il est cependant vrai que la Perse était un pays très peu connu à l'époque et qu'un Persan de voyage en France représentait quelque chose d'exceptionnel. [...]
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