En vous appuyant sur 'Un certain XVIIe siècle', vous essaierez d'évaluer la pertinence de l'opinion de Jean Tortel qui voit en la lyrique du premier XVIIe siècle "une littérature de confiance dans dans l'Homme."

Résumé du document

Après les guerres de religion, la paix ramenée par Henri IV qui a signé l'Edit de Nantes, et l'ordre rétabli par Richelieu, le XVIIe siècle, en ses débuts, a vu naître des poètes auxquels s'est intéressé Jean Tortel dans son essai Un certain XVIIe siècle, notamment Malherbe, Saint-Amant, Tristan l'Hermite et Théophile de Viau. Citons également, pour être complet, Durand, Maleville, Maynard, Racan, Cyrano et Voiture.
Tous, selon Tortel, relèvent de la même veine lyrique, s'inscrivent dans "une littérature de confiance dans l'Homme", rejoignant ainsi, d'un "certain" point de vue, l'une des clés de l'Humanisme que Cyrano résumera plus tard en ces termes: "On ne doit rien croire d'un homme que ce qui est humain."

Extraits

[...] En vous appuyant sur votre lecture de Un certain XVIIe siècle et sur l'analyse précise d'exemples, vous essaierez d'évaluer la pertinence de l'opinion de Jean Tortel qui voit en la lyrique du premier XVIIe siècle "une littérature de confiance dans l'Homme." Après les guerres de religion, la paix ramenée par Henri IV qui a signé l'Edit de Nantes, et l'ordre rétabli par Richelieu, le XVIIe siècle, en ses débuts, a vu naître des poètes auxquels s'est intéressé Jean Tortel dans son essai Un certain XVIIe siècle, notamment Malherbe, Saint-Amant, Tristan l'Hermite et Théophile de Viau. [...]

[...] Du reste, l'ouvrage d'Olivier de Serres, Traité d'Agriculture, paru en 1600, a connu un grand succès et l'époque s'intéresse à la vie rurale menée dans une campagne humanisée, peuplée et généreuse. L'idéal de certains est de posséder un domaine où couler des jours paisibles. D'après Tortel, l'homme n'est pas de la nature, mais dedans : il l'habite pour la dominer et se plaire avec elle, telle une femme aimée ; il a confiance dans cette terre dont il a l'usufruit. En effet, les poètes, en désignant les choses, comme "cet arbre", "cette source", s'approprient la nature, voulant peut-être se confondre avec elle. [...]

[...] Il semble donc bien que les pré-classiques, conscients des limites humaines et d'une condition quelque peu absurde, aient réussi à dépasser le stade du découragement et de l'angoisse. La vie s'achève certes par la mort, l'univers se désagrègera un jour et le soleil s'éteindra de même. N'est-ce pas toutefois une belle leçon de courage et d'épicurisme bien compris qui ne refuse pas les souffrances et combats inhérents à la vie - emprisonnement, trahisons, perte des proches, amours cruelles - mais qui sait apprécier les joies simples de l'existence ? [...]

[...] Car, il ne faut pas se le cacher - et Tortel moins que quiconque ces hommes ne sont pas exempts d'angoisse : ce qu'il aime en eux, notamment chez Théophile de Viaud, son préféré, qu'il surnomme familièrement "Thé", c'est une trace d'inquiétude, ce "je ne sais quel trouble dans la voix" de Tristan l'Hermite. Tortel aime ceux qui "tremblent", avoue-t-il dans Ratures des jours : Viaud, mais aussi Scève, Mallarmé et Baudelaire. Ils "tremblent" donc parce que ce sont des hommes précisément, angoissés à juste titre. [...]

[...] En fait, le poète décrit ici les charmes de Fontainebleau embelli par Henri IV mais, surtout, le triomphe de l'art sur la nature, donc la victoire de l'homme. Il aime avant tout la paix, l'ordre social et civique qu'ont apporté Henri IV, Marie de Médicis et Louis XIII. C'est un ordre heureux, "la paix, l'âge d'or, [ ] le bonheur de la retraite où l'écoulement du temps n'est plus senti", écrit Jean Rousset à son sujet. En fait, l'idéal de Malherbe se rapproche de celui de Jean Tortel qui vit dans le Vaucluse, où la nature est domestiquée et l'horizon point trop vaste, au milieu de "jardins [ ] créés par l'homme et qu'il dispose en vue de son bonheur." Cependant, Tortel trouve trop de lumière à Malherbe : il lui préfère, nous l'avons vu, un certain "tremblement." Certains, comme Marbeuf, choisissent librement une vie solitaire au milieu de la nature : ce Maître des eaux et Forêts normand veut vivre d'une manière "rustique et sauvage" dans une félicité champêtre. [...]