Le style, du latin stilus, le poinçon, peut généralement être défini comme la caractéristique de l'écriture d'un auteur, conçue dans sa spécificité irréductible et singulière.
Le style réside essentiellement dans la façon d'écrire propre à un écrivain, dans l'usage qu'il fait des outils de construction d'un texte littéraire. Toutefois, peut-on affirmer qu'il y a autant d'auteurs que de styles ? En effet, la notion de style révèle un paradoxe : s'il est vrai que parfois l'on reconnaître parfois un auteur à la seule lecture de quelques lignes de son oeuvre, il est indéniable qu'il existe des styles semblables, aux traits caractéristiques communs, des styles d'époque.
[...] Une autre conception du style est soutenue par Aristote. Il affirme en effet, dans La Rhétorique, au livre 3 (de l'élocution), que le style donne au langage un cachet étranger [un écart] car l'éloignement et l'étonnement sont une chose agréable Cela prête à dire que le style résiderait dans une forme d'écart avec la façon habituelle de s'exprimer. Il y aurait un même contenu mais différentes façons de l'exprimer. Ainsi, plus la manière de dire est originale, revêtue d'un cachet étranger et éloignée des normes habituelles et surprenantes, plus le lecteur jouira des effets produits par le style d'un auteur. [...]
[...] Comme Proust, il semble écrire sous le coup de la nécessité en déversant toute sa personnalité. Le style est alors l'expression de toute une subjectivité, et chaque mot s'est imposé à l'auteur en vertu de son caractère irremplaçable. Proust affirmait d'ailleurs que L'écrivain de premier ordre est celui qui emploi les mots mêmes d'une nécessité intérieure, la vision de sa pensée à laquelle il ne peut rien changer Ou bien encore, le style apparaît comme la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la ! [...]
[...] C'est pourquoi nous nous interrogerons sur les conceptions du style qui nous paraissent les plus importantes, ainsi que le caractère ambivalent de cette notion. Tout d'abord, si l'on revient à la conception antique du style, il est aisé de constater à cette époque une coexistence entre le fond (le contenu) et la forme (la manière d'écrire, le style). Toutefois c'est une conception bien singulière car relativement hiérarchisée : ce qui prime, c'est le contenu, la pensée, le fond. La forme est quant à elle relativement secondaire, considérée plutôt comme ornementale. [...]
[...] Paul Claudel disait d'ailleurs à ce propos (avant de se détacher de la conception proustienne) si vous voulez me connaître il faut lire mon œuvre Chez lui la musicalité de la langue (telle que le verset claudélien calqué sur la respiration) est la traduction de l'évidence de la beauté du monde. C'est une sorte de littérature encomiastique et ontologique à la gloire de l'être. De même, chez Albert Camus, la sècheresse du style est révélatrice de l'absurdité du monde (cf. [...]
[...] Au départ, l'élocutio n'a donc pas d'autonomie, elle n'est pas l'étape la plus importante pour transmettre un message, elle est un ornement (Cicéron, De l'Orateur, Notre pensée une fois arrêtée, le style se calque sur elle Néanmoins les Anciens vivent avec la pensée que le fond et la forme doivent entretenir des relations de convenance. Ainsi Aristote, dans La Rhétorique, considère qu'il ! faut parler suivant la nécessité de la situation La forme est donc distincte du contenu mais elle doit s'accorder avec lui. A partir de l'œuvre de Virgile, la tradition postérieure développe cette notion de convenance abordée plus tôt par Aristote. On remarque ainsi qu'à chacune de ses œuvres correspondent un fond et un style inhérents. [...]
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