Pourquoi, dans les apologues, les personnages principaux sont-ils parfois des animaux plutôt que des humains ? Quel intérêt y trouvent les auteurs ? Réponse sous forme de dissertation à travers trois axes principaux : la caricature, la censure, l'attrait.
[...] Dissertation Pourquoi, dans les apologues, les persos principaux sont-ils parfois des animaux, plutôt que des humains ? Quel intérêt y trouvent les auteurs ? Jean de La Fontaine s'est rendu célèbre en mettant en scène dans ses Fables des animaux aux caractéristiques humaines. C'est un choix assez courant chez les auteurs d'apologues. Pourquoi ? Mais d'abord, qu'est-ce qu'un apologue ? Un bref récit à visée argumentative et didactique, c'est à dire une histoire racontée dans le but d'enseigner quelque chose, de convaincre ou de faire réagir, qui montre souvent les défauts de la société, et dont on tire une morale. [...]
[...] Mettre en scène des animaux dans leurs apologues permet donc aux auteurs de critiquer les mœurs de la société avec plus de virulence, tout en échappant plus facilement à la censure et en les rendant plus attrayants pour le public. Cela dit, des apologues très réussis peuvent ne compter aucun animal parmi ses personnages, comme Candide de Voltaire. Le remplacement des personnages par des animaux n'est pas automatique : cela entraîne une simplification des caractères qui peut aussi nuire à l'apologue. [...]
[...] Il faut aller chercher plus loin pour trouver un parallèle avec des situations humaines, et pour comprendre la morale. Cela permet donc à l'auteur de tromper la censure. Les fictions animales sont donc un moyen efficace de caricature et d'échappatoire à la censure. Elles sont de plus attrayantes pour le public. De plus, l'essentiel du public ne cherche pas seulement une morale dans un apologue, mais avant tout une distraction. Mettre en scène des animaux donne plus d'exotisme, plus d'attrait à une fable, la rend moins sérieuse, plus divertissante. [...]
[...] Utiliser des animaux permet de jouer sur les préjugés du lecteur sur tel ou tel animal le loup est cruel, le renard rusé, la fourmi est économe . Ainsi, l'auteur n'a pas besoin de décrire la personnalité de son personnage, et le lecteur a l'impression que les impressions viennent de lui. Le récit utilisera donc ces idées que le lecteur se fait des personnages. Nul ne s'étonnera que le renard dupe le corbeau ou que le loup mange le mouton. Puis le conteur déduit la morale, qui semble logique au lecteur. [...]
[...] Une morale est toujours plus percutante quand l'histoire sur laquelle elle s'appuie est entière, en "noir et blanc", quand les torts sont bien définis, ce qui est plus facile avec des personnifications de la cruauté, pour le loup, par exemple. Non seulement les animaux permettent de critiquer plus efficacement, mais ils aident aussi à passer la censure. Le dépaysement provoqué par la fiction animale permet d'échapper à la censure. Les auteurs ont souvent utilisé le dépaysement géographique (De l'horrible danger de la lecture, par Voltaire) ou chronologique (L'an 2440, de L-S Mercier) pour désorienter la censure et lui faire croire que les critiques ne concernent pas le régime en place. [...]
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