Apollinaire, poète du début XXe siècle, se caractérise par un jeu subtil entre modernité et tradition. Il ne s'agit pas pour lui de se tourner vers le passé ou vers le futur mais de suivre le mouvement du temps. S'il est vrai qu'Apollinaire demeure un avant-gardiste, il reste néanmoins très attaché à son passé. Mais Apollinaire est également un homme et un poète moderne. Homme moderne notamment par son goût pour la ville nouvelle, pour l'architecture nouvelle mais aussi par son profond intérêt pour la peinture cubiste. C'est d'ailleurs dans son ouvrage Les peintres cubistes - Méditations Esthétiques (1913), qu'il développe l'idée que le poète doit se donner l'image de sa propre divinité.
Cette assertion nous invite donc à repenser la notion de lyrisme, celui-ci étant traditionnellement défini comme l'expression de la subjectivité pure. Pour Jean-Michel Maulpoix, le lyrisme est la manifestation la plus haute d'un "désir de divinité", par lequel l'homme transmet son aspiration del'absolu. Mais ce désir ne tient et ne vaut que par le langage qui lui donne forme et signification.
Nous pourrons alors nous demander si "se donner l'image de sa propre divinité" a pour fonction d'arracher le poète à l'expérience limitée de la subjectivité pour l'élever au rang d'une puissance souveraine et universelle.
[...] En effet, Apollinaire devenu incroyant semblait s'être fait de l'unanimisme le fondement de sa croyance nouvelle. Mais la prophétie n'est pas prédiction, l'énonciation de ce qui arrivera à coup sur, elle consiste à faire rejaillir les virtualités contenues dans les phénomènes et les événements du présent. L'univers de la ville, tel qu'il apparait par exemple dans Zone, dans la fin de La chanson du MalAimé ou dans Le voyageur, inaugure une mythologie nouvelle que le XXe siècle ne cessera de perpétuer en la renouvelant. [...]
[...] ] Je ne sais plus rien et j'aime uniquement / Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes". Une fois retrouvé le don de vision, les fleurs renouent avec leur nature première de flammes. La réalité est transformée. C'est cette transformation du réel que poursuit la parole poétique et incantatoire. "Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles", écrit Apollinaire dans Les fiançailles. Si les mots se métamorphosent en corps stellaires, c'est qu'ils ont la capacité de s'élever à un degré de réalité supérieure et d'éclairer ainsi l'univers. [...]
[...] Le pouvoir d'incantation, fourni par une parole poétique créatrice, semble être le premier acquis du poète C'est sans doute ce nouveau bénéfice que suggère Nuit rhénane où la fonction du poéte résume en un néologisme : "incanter". L'incantation est production de sortilèges, enchantement du monde : elle suscite un nouvel ordre des choses, étranger et supérieur aux aperçus superficiels que donne l'expérience immédiate de la réalité. Dans les Fiançailles, le poète écrit "comment comment réduire / L'infiniment petite science / Que m'imposent mes sens". [...]
[...] Mais cet amour n'est pas dénué de cruauté ni de perversité. Nous pouvons ajouter que dans la Chanson du Mal Aimé on parle de la Mer rouge qui a été traversée par les Hébreux mais aussi de la terre de Chanaan dans le refrain. Les références à la Passion du Christ sont également présentes notamment dans le larron, l'ermite, un soir, les fiançailles et Zone. Nous pouvons encore dire qu'Apollinaire compare en fait le martyre du Christ aux souffrances du poète oscillant entre ses amours maudits et l'espoir symbolique d'une résurrection. [...]
[...] S'il est vrai qu'Apollinaire demeure un avant-gardiste, il reste néanmoins très attaché à son passé. Mais Apollinaire est également un homme et un poète moderne. Homme moderne notamment par son goût pour la ville nouvelle, pour l'architecture nouvelle mais aussi par son profond intérêt pour la peinture cubiste. C'est d'ailleurs dans son ouvrage Les peintres cubistes Méditations Esthétiques (1913), qu'il développe l'idée que le poète doit se donner l'image de sa propre divinité. Cette assertion nous invite donc à repenser la notion de lyrisme, celui-ci étant traditionnellement défini comme l'expression de la subjectivité pure. [...]
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