« Mai » appartient au groupe des neuf poèmes regroupés dans la suite Rhénanes ; publié dans Vers et Prose de décembre 1905 avec l'indication « Leutesdorf, mai 1902 » il renvoie au séjour d'Apollinaire en Allemagne et plus précisément au périple qui le mène au printemps 1902 de Nuremberg à Honnef (près de Leutesdorf). C'est à cette époque que s'achève son idylle amoureuse avec la jeune gouvernante anglaise Annie Playden.
[...] Le rythme On sait qu'Apollinaire s'inscrit dans une tradition qui revendique la liberté complète du poète celle-ci se manifeste notamment dans la versification d'Alcools où l'hétérométrie est la règle. Ainsi, dans ce poème, le poète utilise un seul mètre, l'alexandrin, mais sans rester dans les schémas rythmiques classiques du tétramètre et du trimètre, à l'exception du premier quatrain où la césure se fait à l'hémistiche et où chaque vers coïncide avec l'unité syntaxique ; de plus, les rimes embrassées féminines, la sonorité reprise dans le premier hémistiche et à la césure du deuxième et troisième alexandrins créent un rythme qui évoque la sensation de glissement de. [...]
[...] En effet, on sait à quel point Apollinaire est fasciné (voire obsédé) par la fuite du temps : l'une des ses transpositions poétiques les plus récurrentes étant celle de l'écoulement de l'eau : c'est la Seine dans le Pont Mirabeau et le Rhin dans Mai Ici, il adjoint à cette vision métaphorique de la temporalité, un jeu fondé sur trois temps : le présent de l'indicatif (cinq occurrences), l'imparfait (quatre occurrences) et le passé composé (trois occurrences) ; voici schématiquement son fonctionnement : 1er quatrain : l'imparfait regardaient assure la fonction descriptive et l'ancrage dans le passé l'irruption de deux présents êtes et s'éloigne apporte son statut de souvenir à l'évocation et permet aussi son actualisation ; le premier passé composé qui donc a fait pleurer à la forme interrogative, clôture le premier quatrain en prolongeant l'évocation des deux premiers vers dans le présent du poète ; 2e quatrain : l'imparfait se figeaient fixe définitivement le souvenir en lui ôtant son début d'allégresse du quatrain précédent Le mai le joli mai les deux présents suivants sont imposent les figures dégradées d'un amour perdu et s'opposent au temps révolu du passé composé que j'ai tant aimée amplifié par un modalisateur qui confirme qu'il s'agit d'un temps révolu (d'ailleurs, ce tant trahit le paradoxe d'un être qui regrette un amour qu'il ne semble plus éprouver lui-même strophe, un quintil : les deux verbes à l'imparfait suivaient et s'éloignait traduisent une action passée dans sa durée et constitue une véritable incise dans la thématique centrale du poème ; strophe, un quatrain : de nouveau un passé composé a paré retisse le lien entre le passé et le présent. Les connotations agressives du dernier verbe au présent secoue rappellent la vivacité du souvenir et la blessure toujours vive qu'il représente. [...]
[...] L'allongement de la troisième strophe en quintil crée une pause à l'aide de plusieurs effets rythmiques dilatoires : - la strophe constitue une seule phrase - le premier vers accumule des sonorités qui semblent bloquer la progression : [ƒə] ; [bor] ; [floe] ; de même les trois syllabes accentuées de l'adverbe lentement dont le sens souligne le rythme ; - l'effet accumulatif de l'énumération des sujets et du complément d'agent du deuxième alexandrin ; - le rejet du verbe au troisième alexandrin et son rythme irrégulier Suivaient une roulotte traînée par un âne - la rime féminine triplée qui amplifie l'impression de lenteur. Dans le dernier quatrain, la reprise du leitmotiv Le mai le joli mai ramène vers le thème et le rythme initial ; mais le deuxième alexandrin trahit par sa rythmique syncopée le trouble persistant du poète : De lierre de vigne vierge et de rosiers Enfin, l'allitération en des deux derniers vers évoquant la nature rhénane apporte une sonorité inquiétante qui atténue la régularité des alexandrins. [...]
[...] Saltimbanques qui interrompt la thématique principale, par l'association d'éléments picturaux et sonores (dernier vers) ; - phase 4 : ce dernier quatrain débute par une reprise du premier hémistiche de l'alexandrin d'ouverture Le mai le joli mai ; cependant la vision de la nature décrite crée une ambiance équivoque et une impression de malaise, sans doute éprouvé parle poète. Par cette composition où se mêlent nature, saison, sentiment, souvenir, et sensations, Apollinaire révèle une sensibilité poétique qui cherche à dépasser la vision individuelle au profit d'un enjeu esthétique. [...]
[...] Apollinaire, Alcools, Mai Présentation Mai appartient au groupe des neuf poèmes regroupés dans la suite Rhénanes ; publié dans Vers et Prose de décembre 1905 avec l'indication Leutesdorf, mai 1902 il renvoie au séjour d'Apollinaire en Allemagne et plus précisément au périple qui le mène au printemps 1902 de Nuremberg à Honnef (près de Leutesdorf). C'est à cette époque que s'achève son idylle amoureuse avec la jeune gouvernante anglaise Annie Playden. Structure du poème La composition de Mai mime l'état psychologique du poète et retranscrit la temporalité de l'événement implicite (ici, la déception sentimentale). [...]
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