Est-ce qu'il s'agit d'observer la plus grande fidélité du texte, ou bien s'il faut laisser toute liberté au lecteur au risque de s'émanciper trop fortement du texte. Quel parti pris choisir entre ces deux positions apparemment antinomiques ?
[...] Sainte Beuve et Lanson s'attacheront en particulier à la biographie de l'auteur. Un auteur s'inscrit par ailleurs dans un contexte historique, philosophique. On peut légitimement penser qu'il a une intention. La nouvelle critique, portée par Roland Barthes ira jusqu'à proclamer « la mort de l'auteur » et invitera le lecteur à s'émanciper de la figure tutélaire et toute-puissante de l'Auteur. Il s'agira donc de proposer une lecture originale et singulière du texte. Cependant cela ne doit pas laisser libre cours à l'imagination vagabonde du lecteur. [...]
[...] Mais le le langage parle bien de la réalité, c'est indéniable. La littérature parle de la littérature en effet, c'est la notion d'intertextualité mais elle parle aussi bel bien du monde. Ce serait une aberration de dire le contraire. Le style existe bel et bien également puisque ce n'est pas pour rien que le pastiche existait à un moment comme exercice scolaire et qu'il atteignit ses lettres de noblesse avec Proust par exemple. Antoine compagnon propose un compromis entre deux situations radicales. [...]
[...] e lecteur, ému par la passion de des Grieux pour Man,on, impressionné par la métapmorphose de Jekyll zen Hyde ou amusé par les mésaventures de Lazarillon, oubliera pour un moment (celui de la lecture) les tracas et soucis de son existence. En même temps, l'intérêt pris au sort des personnages, en le confrontant à des situations inédites, modifiera son regard sur les choses. L'interprétation d'une œuvre peut varier avec le temps. Ainsi L'Éducation sentimentale fut très mal reçu en 1869, accusé d'être « un roman non romancé, triste et indécis comme la vie » (Banville). Ce roman de Flaubert est devenu le roman culte des générations postérieures. [...]
[...] Ainsi, la première approche que l'on pourrait faire de la lecture serait celle de la fidélité à l'œuvre. Et quoi de mieux pour être fidèle à l'œuvre et au sens qu'elle contient que d'être fidèle à l'auteur lui-même, détenteur du sens. C'est l'approche littéraire que préconise Sainte-Beuve. La littérature est pour Sainte-Beuve, l'expression de l'homme tout entier. « Il entre de tout » dans une œuvre littéraire : la pensée de l'auteur, mais aussi sa sensibilité, son rapport au monde et aux autres hommes ». [...]
[...] Sensible pourtant aux excès dont s'est parfois accompagnée cette liberté retrouvée, elle la limite aussitôt : non par l'Histoire, comme nous l'avons vu Jauss le faire, ni par le contrôle exercé par le texte sur son décodage, comme Riffaterre, mais par l'engagement du critique avec son propre lecteur. Ainsi, une autre approche de la lecture et de l'interprétation que nous pouvons faire peut donner la part belle au lecteur. Tentons de voir si nous pouvons dépasser cette apparente radicale antinomie entre les deux approches de la lecture. [...]
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