L'annonce faite à Marie acte IV scène 2, Paul Claudel 1912, Jacques et Mara, Anne Vercors, meurtre de Violaine, dénouement tragique, dimension pathétique, révélation finale, espace scénique, didascalie, Pierre Craon, mise en scène, commentaire de texte
Jacques et Mara, dans la première scène de l'acte IV, se livrent à une veillée au cours de laquelle ils parodient brièvement le retour d'Anne Vercors, que Mara presse et semble appréhender. Lorsque Jacques Hury questionne cette dernière sur son comportement inquiet, ils semblent répondre en chœur à l'inconfort diffus qu'ils ressentent tous deux à l'idée du retour d'Anne par ce simulacre de retrouvailles faussement légères qui clôt la scène. L'atmosphère est tendue et la seconde scène de l'acte IV semble réaliser les tensions implicites de la première.
[...] Cet étalage de sentiments se met sans aucun doute au service de la révélation finale. III. Une révélation finale en préparation Dès le début de l'extrait, on a pu voir que l'ambiance était empreinte d'une certaine tension, notamment avec l'inquiétude de Mara et le malaise occasionné par le retour tant appréhendé du père. Cette tension n'est pas anodine, elle est l'indice d'un évènement majeur qui se prépare, à savoir l'annonce de la fatalité du dénouement à venir ; elle est par ailleurs amenée à son paroxysme par l'effet d'attente produit par le père sur Jacques. [...]
[...] Peut-on que l'on assiste d'ores et déjà à une fin en soi ? En effet, le père de retour incarne la figure d'une justice presque divine alors qu'on assiste à une sorte de plaidoyer dont l'accusée est Mara ; or seuls les spectateurs et la coupable elle-même sont au courant des agissements de cette dernière, qui, si elle n'est condamnée par aucun des protagonistes, l'est ainsi par l'omniscience des spectateurs qui se font juges de son procès. Dans un deuxième temps, on note la dimension tragique de la mise en scène, car le spectateur est non seulement le témoin, au terme du procès, d'une lutte silencieuse du bien contre le mal, mais aussi de la forte dimension pathétique conférée à l'extrait par les émotions exacerbées des protagonistes. [...]
[...] Ainsi, c'est à la fin de cet extrait et suivant nombre de procédés destinés à provoquer l'attente et donner de l'importance à l'annonce finale que la scène revêt enfin tout son caractère mystérieux et miraculeux. Claudel semble faire peser sur l'intrigue le couvercle de la fatalité ; car, la mort de Violaine étant d'ores et déjà considérée comme inévitable et presque nécessaire, le dénouement est révélé dès ce début d'acte IV, que l'on pourrait même voir comme une fin en soi. [...]
[...] En effet, ils ont pour conséquence de placer Anne au-dessus des autres protagonistes en tant que celui qui va tenter de rendre justice. Or, tout comme la justice, Anne Vercors est aveugle en cela qu'il ne sait pas que sa cadette est responsable du décès proche de Violaine ; seuls la coupable et les spectateurs sont au courant, et c'est pourquoi ces derniers se présentent dans cette scène comme les juges du procès qui s'y tient. Pour Jacques et Anne, la connaissance des faits est lacunaire ; en effet, il n'y a que la sœur cadette et les spectateurs qui savent, et c'est pourquoi c'est à eux de juger l'accusée du plaidoyer : Mara. [...]
[...] On a donc ici le premier indice de l'annonce finale, par laquelle la scène prend toute sa dimension mystérieuse et qui laisse entrevoir la fatalité dont est empreint le dénouement. On remarque une forte présence du miraculeux dans ce passage, notamment avec la mention de la terre sainte « J'ai vu Pierre de Craon à Jérusalem », et l'emploi du prétérit « guéri » que l'on trouve répété simultanément par Anne et Jacques dans quatre répliques d'affilée, puis, « et c'est pour te guérir aussi » ainsi que « et voilà qu'elle a été guérie ». [...]
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