Les animaux malades de la peste, fables, Jean de La Fontaine, cour du Lion, fléau du moyen-âge, Achéron, roi des animaux, tigre, ours, loup, Louis XIV
Jean de La Fontaine s'est toujours méfié de Louis XIV et de la cour depuis la déchéance et l'emprisonnement de Fouquet qui était son protecteur. Les Animaux malades de la peste est la première fable du recueil, mise en valeur par sa position et par sa longueur (64 vers : alternance d'octosyllabes et d'alexandrins). Le lecteur y retrouve des éléments familiers (il connaît bien la Cour du Lion), mais l'ouverture de la deuxième partie du recueil se fait dans un contexte grave, qui tranche avec le ton général de la première partie des Fables. L'épidémie de peste, fléau du Moyen Âge, est encore très présente dans la réalité et dans l'imaginaire du XVIIe siècle. Dans cette fable, La Fontaine met en scène l'hypocrisie du roi et de ses courtisans. Ce texte s'inscrit dans l'objet d'étude La littérature d'idées du XVIe au XVIIIe siècle et plus précisément dans le parcours 2 Imagination et pensée.
[...] Fables livre VII, fable 1 – Jean de La Fontaine (1678-1679) – Lecture linéaire Objet d'étude : La littérature d'idées du XVIe au XVIIIe siècle. Parcours 2 : Imagination et pensée. Problématique générale de parcours : Comment les moralistes questionnent- ils la nature humaine ? Introduction Jean de La Fontaine s'est toujours méfié de Louis XIV et de la Cour depuis la déchéance et l'emprisonnement de Fouquet qui était son protecteur. « Les Animaux malades de la peste » est la première fable du recueil, mise en valeur par sa position et par sa longueur (64 vers : alternance d'octosyllabes et d'alexandrins). [...]
[...] L'adjectif « chimérique » qualifiant le pouvoir que l'homme s'accorde sur les autres êtres renvoie l'humain à son imaginaire narcissique. L'hypocrisie de la cour est aussi la cible de La Fontaine dans la fable « La cour du Lion », fable livre VII. Le fabuliste y dénonce l'arbitraire (la seule volonté, le bon plaisir, les caprices de quelqu'un) du roi et la transformation de la cour en véritable « charnier ». [...]
[...] Outre la mise en cause explicite d'une justice inégalitaire (la justice humaine est injuste, car elle dépend de la richesse et de la puissance des hommes/justice à deux vitesses), le récit se moque aussi de l'éloquence judiciaire et reprend les mises en garde au roi contre les flatteurs. C'est la bêtise humaine qui est dépeinte et critiquée : mauvaise conscience inavouée, superstition, mauvaise foi. La puissance de la hiérarchie sociale, de la cohésion de groupe face au marginal est aussi pointée du doigt : c'est la loi du plus fort. C'est encore la tyrannie, l'arbitraire du roi use et abuse de son pouvoir, il se fait seul juge. Il critique également le rapport de l'homme à la nature. [...]
[...] Le narrateur intervient à travers un lexique appréciatif qui fait entendre sa sympathie pour l'Âne. Il critique le Loup par l'expression « quelque peu clerc » (v. 56). Le vers 59 juxtapose deux expressions quasi paronymiques (homonymes) (« peccadille »/« cas pendable ») qui dénoncent l'injustice et l'arbitraire. La chute est rapide et frappante, les monosyllabes du vers imitent le lynchage à mort de la pauvre bête et la « musique » de la pendaison : v.62 « on le lui fit bien voir » La chute décrite la mise à mort brutale de l'Âne. [...]
[...] La Fontaine ménage ainsi le suspens. Ce début nous fait entrer dans le registre tragique avec les hyperboles, les références aux dieux, ainsi que les références antiques : v.5 « L'achéron » (fleuve des enfers) allégorie désignant l'instrument de mort, le complice de la Peste ; les rimes signifiantes v.1 et 2 « terreur »/« fureur », v.3 et 6 « terre »/« guerre » ; le champ lexical de la dévastation v.1 « mal », « terreur », v.2 « fureur », v.3 « crime », v.5 « Achéron », v.6 « guerre », v.7 « mouraient », « frappé », v.9 « mourante » ; et enfin l'abondance des négations dit la privation v Les premiers vers de cette fable dressent donc le tableau d'une apocalypse, sur lequel viendra s'articuler l'idée séculaire (qui existe depuis des siècles) d'un pêcheur coupable : l'alexandrin du vers 7 en fait une sorte de condensé avec son chiasme centré sur « tous », qui dit l'universalité du malheur : « ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ». [...]
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