L'ancrage historique présente parfois un intérêt manifeste dans le roman. Toute histoire, surtout si elle relève de la fiction, acquiert un poids de vérité si elle est placée dans un contexte historique et géographique précis, que le lecteur est susceptible de connaître, ou à propos duquel il peut se renseigner. L'ancrage historique surtout crée l'effet de réel (...)
[...] L'année est érigée au statut de titre, privilège ordinairement dévolu aux personnages. Le titre 101, avenue Henri Martin, de Régine Desforges, met l'accent sur le siège de la Gestapo à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. L'héroïne récurrente fréquente en effet les milieux de la Résistance, et c'est là que l'on torturait ceux que l'on torturait ceux que l'on avait arrêtés. Ce personnage inventé nous semble réel, car l'auteur la plonge dans des évènements bien réels eux aussi. Parfois la vie des personnages est indissociable de l'Histoire de leur temps. [...]
[...] La fantaisie la plus débridée vient remplacer l'ancrage historique, sans que l'intérêt du roman, l'un des plus célèbres de la littérature du Xxème siècle, en pâtisse. L'Astrée d'Honoré d'Urfé, roman précieux du XVIIème siècle, a beau se situer aux temps des Gaules, ce détail est purement décoratif dans l'œuvre, le roman nous présentant la vie amoureuse de bergers et de bergères dans un monde champêtre très irréel, en particulier le couple Astrée/Céladon. Le dernier film d'Eric Rohmer reprend d'ailleurs cette histoire en conservant son irréalité hors du temps. [...]
[...] L'ancrage historique est-il utile, voir nécessaire dans l'univers romanesque? L'ancrage historique présente parfois un intérêt manifeste dans le roman. Toute histoire, surtout si elle relève de la fiction, acquiert un poids de vérité si elle est placée dans un contexte historique et géographique précis, que le lecteur est susceptible de connaître, ou à propos duquel il peut se renseigner. L'ancrage historique surtout crée l'effet de réel. Plonger des personnages dans une époque tourmentée sur le plan historique, c'est aussi leur donner la possibilité de vivre des aventures plus intenses, de connaître des émotions plus violentes. [...]
[...] Mais l'ancrage historique est parfois limité, sans que cela ait de conséquences majeures sur la qualité et l'intérêt du roman. Tous les romans n'aspirent pas à l'étiquette romans historiques Ce sous-genre a surtout été à la mode pendant la période romantique, avec les œuvres de Dumas père (Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après), de Victor Hugo(Notre-Dame-de-Paris) ou de l'écossais Walter Scott (Ivanohé, Quentin Durward). Bien des romanciers trouvent d'autres ressorts aux fictions qu'ils nous content. L'ancrage historique n'est alors qu'un arrière-plan discret, sans impact déterminant sur l'évolution des personnages. [...]
[...] Libéré de l'histoire collective, son histoire individuelle peut commencer. L'immersion des personnages romanesques dans un contexte historique précis n'a donc rien d'obligatoire surtout dans les romans où domine la fantaisie poétique. L'écume des Jours de Boris Vian se déroule en dehors de tout temps historique, dans un monde où des anguilles circulent dans la tuyauterie des immeubles, où les boutons sur le visage de Colin, le héros, se regardent avec effroi dans le miroir et s'empressent de rentrer sous la peau du personnage. [...]
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