« Le Petit Chaperon Rouge a été mon premier amour. Je sens que, si j'avais pu l'épouser, j'aurais connu le parfait bonheur ». Ces mots de Charles Dickens attestent de la portée universelle et intemporelle de ce récit emblématique souvent considéré comme le conte de fée classique par excellence. Si l'histoire littéraire de ce conte commence avec Charles Perrault, sa version populaire est celle des frères Grimm. En effet, sa fin heureuse et juste le rend plus conforme à la définition du conte de fées selon Bruno Bettelheim : « Le conte de fées avertit l'enfant des pièges qu'il peut rencontrer et lui promet toujours une issue favorable qui renforce son espoir de parvenir à une solution heureuse. ». Ainsi, nous allons nous appuyer sur cette version, moins moralisatrice mais plus optimiste, afin de déterminer dans un premier temps les fonctions de ce conte puis d'analyser sa tonalité et ses enjeux.
[...] - Merci à toi et bonjour aussi, loup. - Où vas-tu de si bonne heure, Petit Chaperon Rouge ? - Chez grand-mère. - Que portes-tu sous ton tablier, dis-moi ? - De la galette et du vin, dit le Petit Chaperon Rouge ; nous l'avons cuite hier et je vais en porter à grand-mère, parce qu'elle est malade et que cela lui fera du bien. - Où habite-t-elle, ta grand-mère, Petit Chaperon Rouge ? demanda le loup. [...]
[...] - Je serai sage et je ferai tout pour le mieux, promit le Petit Chaperon Rouge à sa mère, avant de lui dire au revoir et de partir. Mais la grand-mère habitait à une bonne demi-heure du village, tout là-bas, dans la forêt ; et lorsque le Petit Chaperon Rouge entra dans la forêt, ce fut pour rencontrer le loup. Mais elle ne savait pas que c‘était une si méchante bête et elle n'avait pas peur. - Bonjour, Petit Chaperon Rouge, dit le loup. [...]
[...] Il semble nous narrer comment une jeune fille est initiée aux risques de l'amour par ses aînées qui ont atteint la maturité sexuelle et cherchent à la protéger. On assiste à la transmission du pouvoir sexuel lorsque la grand-mère offre à l'enfant le chaperon de velours rouge, associé à l'éclosion de la féminité et de la séduction. Yvonne Verdier observe dans ce conte le destin féminin : puberté, maternité, ménopause : Ce que dit le conte, c'est la nécessité des transformations biologiques féminines qui aboutissent à l'élimination des vieilles par les jeunes, mais de leur vivant. Il faut que l'enfant meure pour que la femme advienne ! [...]
[...] La grand-mère se rend complice en indiquant au loup comment la rejoindre. Une troisième fois, ce sera de nouveau le Petit Chaperon Rouge qui sera trompé quand elle entrera chez sa grand-mère sans se douter du danger qui l'y attend Méfait L'agresseur porte préjudice à l'un des membres de la famille : il mange la grand-mère. Puis il répète exactement le même méfait avec sa seconde victime Appel au secours Les ronflements du loup dans son sommeil sont comparables à un chant mortuaire plaintif. [...]
[...] Au deuxième ou au troisième coup de ciseaux, il vit le rouge chaperon qui luisait ; deux ou trois coups de ciseaux encore, et la fillette sautait dehors en s'écriant : Oh, la, la, quelle peur j'ai eue ! Comme il faisait noir dans le ventre du loup ! Et bientôt après, sortait aussi la vieille grand-mère, mais c'était à peine si elle pouvait encore respirer. Le Petit Chaperon Rouge courut chercher de grosses pierres qu'ils fourrèrent dans le ventre du loup ; et quand il se réveilla et voulut bondir, les pierres pesaient si lourd qu'il s'affala et resta mort sur le coup. [...]
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