Phèdre est la fille de Minos, roi de Crète, et de Pasiphaé, son épouse. Leur histoire familiale est marquée par la naissance du demi-frère de Phèdre, le Minotaure, fruit de l'accouplement de Pasiphaé, rendu folle par Poséidon, avec un taureau. Chaque année, sept filles et sept garçons d'Athènes sont sacrifiés au Minotaure, enfermé dans un labyrinthe par Minos. Thésée, fils d'Egée, roi d'Athènes, et de Ethra, embarque avec les suppliciés, décidé à tuer le monstre. Ariane, la sœur de Phèdre, l'aide dans sa tâche, en lui permettant de sortir du labyrinthe grâce à un fil. Mais Thésée, au lieu d'épouser Ariane comme il l'avait promis, retourne à Athènes seul. Il combat les Amazones aux côtés d'Héraclès, et enlève Antiope, reine des Amazones, qu'il épouse. Il a avec elle un fils, Hippolyte. Mais Antiope décède ; Thésée choisit alors comme seconde épouse Phèdre, la sœur d'Ariane.
La Phèdre de Sénèque fait le récit de l'amour incestueux de Phèdre pour Hippolyte. A la mort de Thésée, descendu aux enfers avec Héraclès pour enlever Proserpine, Phèdre révèle la vérité à la nourrice, puis à Hippolyte. Celui-ci la repousse ; Phèdre et la nourrice fomentent alors une calomnie : elles décident de raconter que Hippolyte a violé Phèdre. C'est alors que Thésée, délivré des enfers par l'influence d'Héraclès, revient à Athènes. Phèdre lui fait part du mensonge élaboré, et Thésée invoque Poséidon, dieu de la mer et prétendument son père (car Ethra c'était accouplée la même nuit avec Egée et Poséidon), et lui réclame la mort de son fils. Le dieu fait surgir des flots un monstre, près d'Hippolyte sur son char ; les chevaux s'emballent et Hippolyte est tué par ses propres coursiers. Phèdre en apprenant la mort d'Hippolyte révèle la vérité à Thésée et se suicide sur son cadavre.
Il existe plusieurs versions du mythe, dont une où le mensonge de Phèdre est épistolaire, et son suicide par pendaison précède la mort de Hippolyte. La version de Sénèque met l'accent sur le personnage de Phèdre et rend oral le mensonge de Phèdre à Thésée, et le suicide de Phèdre postérieur à la mort de Hippolyte. La pièce est constituée d'un prologue et de cinq actes.
[...] Mais Hippolyte est inébranlable et récuse la vie civile tandis qu'il loue la vie champêtre. Phèdre arrive et tente de séduire Hippolyte par son aveu puis par atteinte à sa pudeur. Hippolyte sort, la nourrice et Phèdre décident de lancer la calomnie sur Hippolyte. Le chœur espère que la beauté soit avantageuse à Hippolyte. Thésée revient au début de l'acte III. Il demande à la nourrice pourquoi le palais est en deuil. La nourrice répond que Phèdre veut mourir. Celle-ci arrive et refuse d'avouer ; Thésée menace la nourrice. [...]
[...] La scène miniature surélevée du chœur brise la linéarité du lieu tout en s'inscrivant dans le même schéma de géométrie : carrée, on y accède par des escaliers sans originalité. La caractéristique principale de la mise en scène est le parti pris contemporain des costumes et de certains effets lumineux ou accessoires : Phèdre est en talon et jupe, avec un pull bleu à paillettes, la nourrice est en tailleur-pantalon blanc, Thésée arrive en manteau de fourrure et lunette de soleil, Hippolyte est converti en adolescent de base ; les appareils techniques s'inscrivent dans la même dimension ; les douches lumineuses se font clarté de réverbère lors de la seconde entrée de la nourrice (acte II) ; le messager arrive sur une mobylette (début de l'acte IV). [...]
[...] Le quadrillage est donc présent dans toutes les dimensions. Semblant doués de qualités anthropomorphiques, puisque les colonnes lumineuses disparaissent lorsque Hippolyte entre au début de l'acte II, ces éléments construisent un espace physique et métaphorique de l'enfermement autour de Phèdre : dans le château au premier degré, dans le rôle d'épouse endeuillée de Thésée, dans son destin de demi-sœur d'un taureau, héritant des tares monstrueuses de sa famille. Cet espace harmonieux mais rigide se détériore au cours du temps, comme si chacune des actions des personnages laissait ses traces sur le plateau. [...]
[...] Thésée implore Poséidon de donner la mort à son fils. Le chœur déplore que les choses humaines ne soient pas régies par la justice. Dans l'acte IV, un messager rapporte le récit de la mort d'Hippolyte. Le chœur chante l'inconstance des grandes fortunes et pleure la mort d'Hippolyte. Phèdre avoue dans l'acte V l'innocence de Thésée et se donne la mort. Thésée donne une sépulture à son fils mais non à Phèdre. Les interventions du chœur sont à la fois sur l'acte qu'elles clôturent, et sur celui qu'elles ouvrent. [...]
[...] La seconde entrée discrète de la nourrice permet également d'établir un rapport moins dichotomique entre la scène et la salle, et d'amener une voix de communication en tirant les spectateurs vers la scène : la galerie appartient dans l'imaginaire à ce qui permet la représentation théâtrale, et non à ce qui en fait partie, tout comme l'instance spectatorielle. La nourrice établit donc physiquement par son déplacement un lien entre les deux espaces. Elle effectue en outre le mouvement inverse à celui de l'image de la scène s'imprimant dans les rétines des spectateurs, et se fait donc incitation à la réflexivité de notre position. Le rôle se prête à la charge d'une double position : actrice car personnage du mythe et soutien du personnage principal, et spectatrice car observatrice, jusqu'à l'espionnage ici. [...]
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