« Quand je la vi, quand mon ame éperdue / En devint folle » écrivait Ronsard dans le deuxième sonnet des Amours, décrivant l'innamoramento dès les premières pages du recueil, comme pour rappeler ce qui anime sa plume. Mais au fond qu'a-t-il vu ? Est-ce la Cassandre réelle dont il est tombé amoureux ? Ou bien s'agit-il de la Cassandre homérique, dont l'éloge s'apparenterait dès lors à celle de la beauté divine, s'inscrivant dans l'ordre du cosmos ? Quelle est en fait la place de l'amour dans ce recueil ?
S'interroger, tel qu'on vient de le faire, sur la nature du personnage de Cassandre c'est également toucher aux fondements de l'œuvre, car ces deux personnages symbolisent d'une certaine façon deux manières de lire les Amours. André Gendre les énonce ainsi dans son introduction à l'édition des Amours et des Folastries : « Ronsard ne saurait se satisfaire de la transcendance, parce qu'il doit répondre, pour s'accomplir, à la séduction âpre et douce de l'ici-bas, à la loi de ses sens, au flux imaginaire que détermine en lui l'intensité du vécu, mais il ne saurait se contenter non plus de cette immanence, parce que le monde unique de l'amour doit s'élever, pour être dignement représenté, vers cet Un caché dont il provient ».
Il apparaît intéressant d'analyser le recueil des Amours au travers de ce point de vue et de voir s'il est possible d'envisager une vision différente de l'œuvre. Il conviendra ainsi de voir tout d'abord en quoi l'amour, tel qu'il est chanté par Ronsard, est avant tout une « séduction de l'ici-bas ».
[...] Analyse du commentaire d'André Gendre sur les "Amours" de Ronsard ( Dans son introduction à l'édition des Amours et des Folâstries, André Gendre déclare : Ronsard ne saurait se satisfaire de la transcendance, parce qu'il doit répondre, pour s'accomplir, à la séduction âpre et douce de l'ici-bas, à la loi des sens, au flux imaginaire que détermine en lui l'intensité du vécu, mais il ne saurait se contenter non plus de cette immanence, parce que le monde unique de l'amour doit s'élever, pour être dignement représenté, vers cet Un caché dont il provient Votre lecture de l'œuvre de Ronsard inscrite au programme vous semble-t- elle éclairée par cette affirmation ? Quand je la vie, quand mon ame éperdue / En devint folle écrivait Ronsard dans le deuxième sonnet des Amours, décrivant l'innamoramento dès les premières pages du recueil, comme pour rappeler ce qui anime sa plume. Mais au fond qu'a-t-il vu ? Est-ce la Cassandre réelle dont il est tombé amoureux ? Ou bien s'agit-il de la Cassandre homérique, dont l'éloge s'apparenterait dès lors à celle de la beauté divine, s'inscrivant dans l'ordre du cosmos ? [...]
[...] Bien qu'il ne faille pas exagérer cet argument dans l'explication de la place de l'amour dans le recueil, on notera toutefois que Ronsard déclare dans un sonnet que Cassandre fera l'honneur des vers François Il y a donc une certaine dimension nationale de la création poétique, dont on pourrait aller jusqu'à dire qu'elle chante l'amour pour avant tout vanter ses mérites. On cherchait, face au point de vue d'André Gendre sur le contenu des Amours de ronsard, à voir quel est véritablement le traitement de l'amour dans le recueil. [...]
[...] Cependant, on pourrait s'étonner que le critique ne mette pas également en lumière, parmi les raisons du choix de traiter de l'amour, le prétexte à la création poétique. L'intérêt de l'ouvrage réside bien dans cette intrication de motivations de poète qui se mêlent au fil des sonnets, contribuant en même temps à rendre floue la figure de Ronsard, à la fois poète et amant, auteur et personnage. Aux Cassandres réelle et homérique que nous avions évoqué, il faudrait donc ajouter une Cassandre textuelle, support de l'inspiration de Ronsard dans sa quête de création poétique et d'illustration des qualités de la langue française. [...]
[...] Quelle est en fait la place de l'amour dans ce recueil ? S'interroger, tel qu'on vient de le faire, sur la nature du personnage de Cassandre c'est également toucher aux fondements de l'œuvre, car ces deux personnages symbolisent d'une certaine façon deux manières de lire les Amours. André Gendre les énonce ainsi dans son introduction à l'édition des Amours et des Folastries : Ronsard ne saurait se satisfaire de la transcendance, parce qu'il doit répondre, pour s'accomplir, à la séduction âpre et douce de l'ici-bas, à la loi de ses sens, au flux imaginaire que détermine en lui l'intensité du vécu, mais il ne saurait se contenter non plus de cette immanence, parce que le monde unique de l'amour doit s'élever, pour être dignement représenté, vers cet Un caché dont il provient Il apparaît intéressant d'analyser le recueil des Amours au travers de ce point de vue et de voir s'il est possible d'envisager une vision différente de l'œuvre. [...]
[...] Cassandre est un modèle, un point de référence du texte pour peindre la beauté surnaturelle. Cette métaphore d'une peinture presque irrationnelle apparaît d'ailleurs dans un sonnet où Ronsard s'adresse à son ami peintre Denisot Pein, Denisot, la beauté qui me tue Ronsard ne dit pas la Dame, il utilise la synecdoque de la beauté tout en rappelant le combat de Thésée contre un autre de ces regards de femme mortels. Comme le résume André Gendre lui-même, l'amour n'est rien d'autre que la volonté de jouir de la beauté Cette jouissance, nous avons pu la découvrir dans le domaine sentimental et philosophique, mais il est un aspect qui semble ici être oublié et qui a pourtant toute sa place dans l'analyse des Amours, on veut bien sûr parler de la création poétique. [...]
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