Une oeuvre vivante est celle qui met le spectateur en déroute, citation d'Eugène Ionesco, catharsis, théâtre de l'absurde, comique de répétition, ridicule des personnages, Ubu roi, absence de morale, Beckett, Godot, condition humaine, ressorts dramatiques, coups de théâtre, Corneille, règles du théâtre classique, mimesis
Eugène Ionesco, écrivain du vingtième siècle et membre du théâtre de l'absurde (mouvement littéraire d'après-guerre qui met en évidence le caractère illusoire de la condition humaine) définit le théâtre en ces termes : "Une oeuvre vivante est celle qui met le spectateur en déroute". Il insiste donc sur l'importance de décontenancer le spectateur afin que la pièce puisse être "vivante", c'est-à-dire qui aurait l'expression et les qualités de ce qui est vivant. Autrement dit, il faut que le public ait l'impression que ce qui se joue sur scène est réel, ce qui amènerait à la catharsis (un sentiment de pitié et de terreur), aux émotions fortes. Pourtant, il semble que le public ne soit pas toujours effaré par ce qu'il voit dans une pièce, ce qui ne l'empêche pas de rire ou de pleurer face à une situation montrée.
[...] La nécessité de dérouter le spectateur A. Le théâtre de l'absurde Eugène Ionesco, par cette définition du théâtre, illustre bien ce qu'est le théâtre de l'absurde, puisqu'en effet il s'agit dans ces pièces de dérouter le spectateur : les personnages cherchent un but inatteignable ou attendent passivement que la vie défile. Le comique de répétition et le ridicule des personnages surprennent et inquiètent le spectateur, qui ne comprend rien à la pièce, cherchant des valeurs qui sont absentes et une morale également imperceptible. [...]
[...] Les coups de théâtre et autres ressorts dramatiques En effet, chaque œuvre théâtrale va mettre en scène un coup de théâtre, une scène qui va susciter chez le spectateur la surprise et l'interrogation face au soudain changement de statut du héros ou de la situation. Or c'est grâce à ce ressort théâtral que la pièce prend toute sa valeur et tout son sens. Corneille, par exemple, dans sa tragédie politique Horace, va procéder à un ressort dramatique lors de l'acte IV, scène 5 : Horace, héros de sa cité, vient de tuer les ennemis albiens, dont l'amant de Camille, sa sœur. [...]
[...] Nous allons donc étudier l'œuvre vivante comme celle qui rend le spectateur complice et supérieur, et non pas comme celle qui met en déroute. III. Le besoin du spectateur de maîtriser la pièce A. Les règles du théâtre classique D'abord, le spectateur au théâtre connaît les principales règles et les critères qui font qu'une pièce est réussie. La tragédie classique au XVIIe siècle a été marquée par la règle de bienséance, la règle de vraisemblance et la règle des trois unités (où le temps, le lieu et l'action étaient également soumis à des règles bien précises). [...]
[...] L'absurdité de la pièce provoque chez le spectateur un rire jaune et un grand malaise. De plus, la fin de la pièce n'apporte aucune morale : Ubu n'est pas tué, le fils du roi n'a pas pu venger sa famille en le tuant, et Ubu et sa femme partent vivre en France. On peut donc bien dire que le spectateur est en déroute face à cette pièce qui s'oppose aux tragédies classiques où il y a toujours une morale à tirer et des valeurs louables représentées, et où le vice est puni. [...]
[...] Ce coup de théâtre va provoquer l'incertitude du spectateur sur le statut du héros d'Horace. D'une certaine façon, le public a été mis en déroute durant les quatre premiers actes en croyant qu'Horace était un héros et que ce statut ne changerait pas. Le ressort dramatique vient contredire les croyances du public et provoque son effarement. C'est grâce à ce sentiment de surprise du spectateur que la pièce peut être qualifiée d'« œuvre vivante ». Sans cet élément perturbateur (nœud de la pièce), la pièce n'aurait pas de raison d'être. [...]
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