La sémiologie est l'étude des signes entre deux arts. Disciplines en apparence opposée, la littérature et le cinéma peuvent parfaitement se compléter et offrir différentes interprétations.
N'oublions pas que l'adaptation d'un roman en version cinématographique est déjà en soi une lecture possible de l'oeuvre, celle de Laclos, Les Liaisons dangereuses n'en fait pas exception (...)
[...] La musique apparaît donc comme un personnage muet qui est en mesure de distinguer les événements narratifs tragiques de ceux qui apportent une note d'optimisme. Chez Forman, la musique donne un ton léger au film. Il n'y a pas comme chez Frears de tension, Forman utilise des chants de chorale pour la sortie du couvent ou pour l'enterrement de Valmont. La musique est constamment douce, ne donnant pas une impression de tension même lorsque Valmont passe à l'acte avec Cécile, il y a l'impression qu'il n'y a pas de rapport de force mais au contraire que de la douceur. [...]
[...] De façon symbolique, c'est la Marquise qui sort Cécile du couvent. De la sorte le thème du film n'est plus les Liaisons dangereuses mais la virginité de Cécile qui à la fin du film est mise à mal puisque le plan d'ensemble montre le mariage de cette dernière avec le comte de Gercourt alors qu'elle est enceinte de Valmont. Le système narratif de Laclos n'est pas respecté puisque même si les deux libertins ont perverti la jeune Cécile, que Valmont est mort, Madame de Tourvel retrouve son mari et va avec lui sur la tombe de Valmont, Madame de Merteuil au mariage de Cécile aperçoit sur une sorte de balcon Danceny en train d'être courtisé par une autre femme, par le plan en contre-plongée qui est utilisé, le réalisateur montre la défaite de la libertine qui est noyée dans la foule et donc déchue de son rang dans la société. [...]
[...] Il achève son œuvre sur la juxtaposition de deux plans, le premier montrant la Marquise qui détruit tous les objets qu'elle a à la portée de sa main, le second place l'action après la scène de l'opéra où apparaissant dans sa loge, la Marquise s'est faite huer par l'assistance, elle est chez elle, son visage est filmé en gros plan, en référence à la première scène du film. Elle se démaquille, défaite. La lumière baisse jusqu'au noir total, puis la musique classique donne le générique final. [...]
[...] De même que la musique, les gestes et la tonalité de la voix des personnages reflètent la vision à avoir du film de l'œuvre, chez Frears par exemple elle sert pour refléter la tension quand Valmont crie avec la Marquise lorsque celle-ci refuse d'honorer sa promesse, mais aussi l'amour, la naïveté quand elle est douce. Chez Forman, elle peut symbolise la rouerie de Merteuil, la naïveté de Cécile, la colère la nonchalance ou l'amour pour Valmont entre autres. De la sorte, nous avons une impression que les deux films illustrent au mieux l'œuvre de Laclos, pourtant chacune en offrent une version différente avec les mêmes événements qu'ils évoquent, tout dépend de la façon dont ils sont montrés. Ainsi se pose donc la question de l'interprétation de l'œuvre de Laclos. [...]
[...] N'oublions pas que l'adaptation d'un roman en version cinématographique est déjà en soi une lecture possible de l'œuvre, celle de Laclos, Les Liaisons dangereuses n'en fait pas exception. Œuvre ambiguë de par le sens qu'il faille lui donner, elle est adaptée par plusieurs réalisateurs sur grands écrans. La plus célèbre version est sans conteste, celle de Stephen Frears, que j'utiliserai dans cet exposé, avec pour point de comparaison, celle de Miklos Forman. Chacun de ses réalisateurs opte pour une lecture possible de l'œuvre, mettant chacun en avant certains aspects du texte et en modifiant certains. [...]
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