L'an 2440, rêve s'il en fut jamais, Louis-Sébastien Mercier, nouvelle forme de censure, libre expression des Lumières, société du futur, progrès, pouvoir des censeurs, mission de la censure
Dans cet apologue, l'intrigue et les personnages sont des outils dont Mercier dispose pour servir son argumentation : le dialogue entre les deux personnages n'est qu'un prétexte à l'échange des idées.
En tant qu'auteur des Lumières, il défend des valeurs humanistes et progressistes à travers son œuvre : l'homme du futur parle plus que le narrateur-personnage, car c'est lui qui expose ses idées et ses arguments = procédés d'argumentation classiques (ponctuation forte [deux points, virgule = rapport de logique implicite] + connecteurs et mots de liaison).
[...] Dénonciation du pouvoir des censeurs Alors que le narrateur personnage interroge l'homme du futur et aborde la question de la censure, immédiatement celui-ci s'offusque « Quel est l'homme, je vous prie, qui oserait juger un livre avant le public ? » : question rhétorique (qui fait partie de la stratégie argumentative) oppose le censeur au public l'homme du futur affirme la folie + l'absence de légitimité de la pratique exercée par les censeurs : verbe « oser » vient montrer que cela n'est pas concevable + opposition entre les termes « public » et « personne » critique la censure où un petit nombre de pers qui prétend tout savoir va écarter tel ou tel livre avant qu'il ne parvienne au public. Satire des censeurs du 18e siècle : périphrase pour désigner les hommes d'État puissants : « les hommes en place » + voc péjoratif pour parler des censeurs : « redoute », « orgueilleux », « coupable ». Homme du futur dans sa réplique l33, se moque des censeurs et tourne en dérision leurs occupations qui consistent à « couper une pensée en deux, et à peser des syllabes ». effet de ridicule. B. [...]
[...] Texte original qui aborde la question de la censure et aussi ce qu'elle est capable de faire. Conclusion Ainsi, par le biais d'un dialogue argumentatif, Mercier défend les valeurs des Lumières et développe une critique virulente de la censure de son temps, exacerbée par la définition d'une censure idéale qu'il lui oppose. Ouverture : Voltaire employait 6 ans plus tôt la même argumentation indirecte pour dénoncer la censure en vigueur au 18e siècle dans l'article Liberté de pensée de son Dictionnaire philosophique. [...]
[...] Phrase au présent de vérité générale + parallélisme de construction : « la liberté de presse est la vraie mesure de la liberté civile. On ne peut donner atteinte à l'une sans détruire l'autre ». libre expression incontestablement liée à la liberté de chacune individu : « on l'a tant de fois prouvé ». Enfin, question rhétorique : « et qui m'appartiendra donc, si ma pensée n'est pas à moi ? » liberté de penser est la propriété exclusive de chacun. plaidoyer pour la diffusion des idées : la pensée doit atteindre son destinataire verbe devoir « la pensée doit avoir son plein effet ». B. [...]
[...] Une censure basée sur le plus grand nombre Société idéale du futur, demeure toujours une forme de censure. En effet, on aurait pu imaginer que dans une société idéale, la censure soit supprimée et la liberté d'expression totale. Mais cette censure n'existe pas sous la même forme qu'au XVIIIe siècle : n'appartient plus à un petit nombre, mais au peuple. La « voix générale » désigne ce qui « sera véritablement digne de louanges ou de blâmes » : adverbe « véritablement » affirme la justesse et la légitimité du jugement de « la voix publique », car son coup d'œil est assez « étendu » par opposition aux caprices d'un seul homme Mercier ne condamne pas la censure, mais propose une nouvelle forme basée sur le plus grand nombre. [...]
[...] Les « ciseaux cruels », périphrase de la censure (rappelant son allégorie Mme Anastasie), au-delà d'être abusifs, seraient également au service de la « médiocrité » : hyperbole « si étroit, si serré » qualifiant le crible auquel sont condamnés tous les écrits met en évidence l'oppression qu'exerce la censure, faisant perdre « les meilleurs traits ». Mercier affirme que ces « pareilles entraves » font taire « les élans du génie » et constituent une atteinte à la littérature. À la censure du 18e siècle, Mercier oppose une alternative, une forme de censure nouvelle et idéale. En effet, s'il dénonce la censure de son temps dans son usage, sa forme et ses abus, Mercier loue son principe et le remodèle. [...]
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