Lorsque Molière écrit Amphitryon en 1668, il s'inspire, entre autres, de la pièce de Plaute, replaçant à l'époque de Jupiter la vie de la cour de Louis XIV. L'intrigue reste la même : le dieu des dieux s'éprend de passion pour Alcmène, la femme d'Amphitryon, et prend l'apparence de son mari pour la séduire, alors que le général thébain est parti en guerre. Molière revisite ainsi le mythe d'origine d'Hercule, en plaçant sa pièce sous le genre de la comédie, et en amplifiant les caractères de certains des personnages, comme celui de Sosie par exemple, dont il jouait le rôle. Le valet d'Amphitryon se trouve confronté au premier acte à Mercure dont il subit les coups. Ce dieu est, en effet, présent sous l'apparence de Sosie pour mieux servir son père, et empêcher Sosie de remplir la mission dont son maître l'avait chargé, à savoir rendre compte à Alcmène de la victoire de son mari, et de son prompt retour. Nous avons ainsi à la scène 1 de l'acte II, extrait que nous devons étudier jusqu'au vers 788, le dialogue de Sosie et d'Amphitryon, où le valet raconte à son maître qu'il s'est trouvé face à son propre double, et que celui-ci l'a battu et contraint de faire demi-tour sans le laisser voir Alcmène. Ce passage est révélateur de l'humour de la pièce, le comique est poussé jusqu'à l'absurde par un jeu du langage, et pour l'étudier, nous observerons d'abord comment se déroule l'intrigue dans cet extrait, quels éléments apporte ce passage à l'œuvre ? Puis nous verrons comment la thématique du double est exposée, et enfin, nous nous arrêterons sur le jeu du langage et du comique développé par l'auteur dans cette scène
[...] La scène est donc une parfaite scène de comédie où le rôle de Sosie se développe encore comme un rôle comique. Il dynamise la pièce, fait rire, et fait naître également, un peu sans le vouloir, tout l'enjeu du langage et du rire, nous laissant réfléchir sur la portée de son étonnement face à son double Le comique prend une nouvelle ampleur, nous amenant ainsi à réfléchir sur les troubles liés à la personnalités. Bayle, en 1697, dans son Dictionnaire historique et critique, écrit à l'article Amphitryon : Il y a des finesses et des tours dans l'Amphitryon de Molière, qui surpassent de beaucoup les railleries de l'Amphitryon latin. [...]
[...] Molière va cependant au-delà, se servant du langage pour justement mettre en avant le problème de l'identité. Il joue avec les expressions des personnages, les "mimiques" de Sosie doivent montrer sa stupeur face à ce qu'il ne comprend pas, cet autre lui dont il ne saisit apparemment pas la portée alors il devient ridicule, rabaissant le rôle de Mercure, de son double, à un être violent : l'autre moi frais, gaillard et dispos, /et n'ayant d'autre inquiétude/ que de battre, et casser des os. [...]
[...] On rit, bien sûr, à la lecture ou à la représentation de cette pièce. La scène 1 de l'acte II ne détonne pas, elle continue dans la veine comique dans laquelle s'est identifiée l'œuvre de Molière. Cette relation maître/valet qui est établie au fil de la scène sert à faire rire, les caractères sont exagérés : Sosie apparaît véritablement comme un valet couard, qui n'hésite pas à effacer sa personnalité face à la puissance de son maître. Il est prêt à modifier son récit pour seulement satisfaire Amphitryon : vous aurez toujours raison (vers 695), de peur d'incongruité, / Dites-moi, de grâce, à l'avance, / De quel air il vous plaît que ceci soit traité. [...]
[...] / Aliénation d'esprit ? / Ou méchante plaisanterie ? (vers 745-749). Il n'envisage pas que son valet lui dise la vérité, car il sait qu'il est capable de tout pour se préserver de quelque problème. Sosie est même prêt à mentir pour être agréable à son maître : Faut-il dire la vérité, / Ou bien user de complaisance ? (vers 711-712), car il sait que son récit sera difficilement crédible, et il a peur des conséquences que cela peut entraîner pour sa propre personne. [...]
[...] On a alors diverses informations nous permettant de mieux comprendre la suite de l'intrigue. Cela sert donc de continuité à l'acte d'exposition, et dans un deuxième temps, on apprend à mieux connaître les personnages, et la relation maître / valet est ainsi posée, les deux caractères forts s'opposent, autorité et ruse sont ainsi mêlées, et servent le comique, et l'intrigue. Autre point qui s'installe dans cette scène est la thématique du double, voyons comment elle est exposée. Amphitryon est une pièce où la psychologie des personnages est mise en valeur. [...]
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