L'amour est le mot de loin le plus employé par Proust dans son œuvre. Il veut donner avec Un amour de Swann, une prodigieuse analyse de la passion entre Odette et Swann. Proust va tout intégrer dans son œuvre pour en faire un développement de la passion chez l'homme. Il expose au lecteur les joies, les réjouissances et les souffrances qu'entraîne l'état amoureux.
[...] Leur amour serait-il moins profond s'il n'était pas renforcé par le doute ? En effet Swann ne voit Odette que le soir et il imagine mal ses journées, qui doivent, selon lui, être remplies par des insignifiances. Swann désire savoir ce que fait Odette. C'est pour cela qu'il va la voir un après midi mais elle ne lui ouvre pas car elle se trouve apparemment en compagnie de Forcheville. Swann découvre alors qu'Odette lui ment mais il ne lui dit rien. [...]
[...] Quant à Odette nous constatons rapidement qu'elle a l'habitude des hommes. Elle a déjà été mariée à un noble : Pierre de Verjus, comte de Crécy, qu'elle a ruiné. Très jeune, à Nice et à Bade, elle a eu une sorte de notoriété galante qu'elle cache soigneusement. Au début elle sent que Swann ne lui appartient pas encore. Elle a beau admirer son intelligence, vouloir être mêlée à ses travaux et jouer la petite phrase de Vinteuil au piano, Swann ne renonce pas à ses habitudes de célibataire. [...]
[...] On éprouve qu'il nous échappe alors même qu'il est proche de nous physiquement. Car qu'est ce que posséder un corps si on ne possède pas ce qu'il cache et qui est la personne même. L'extérieur dissimule l'intérieur et tout ce que nous voyons d'une personne peut ne révéler aucune vérité. S'agissant des caractères et des tempéraments il nous faut tenir pour inconnaissables à jamais les personnes que leur familiarité nous donne l'illusion de connaître. Le troisième obstacle qui nous empêche d'appréhender l'intériorité de l'être aimé, c'est le soin que lui-même prend à nous le cacher. [...]
[...] Il a été fasciné et a aimé ces femmes qu'il va décrire dans Un amour de Swann. Proust montre ici la dépendance de l'esprit au domaine affectif. Il ne fera que répéter ce schéma de l'amour qui est la fixation puis la désagrégation lente accompagnée des tortures de la jalousie. II- La jalousie : Il n'y a d'amour que par le désir de posséder une personne, de connaître son intériorité, son monde. Il n'y corrélativement, de jalousie que par tout ce qui fait obstacle à cette possession. [...]
[...] On peut poser, en ce qui concerne la jalousie chez Proust, le problème de la pathologie (et par conséquent de la physiologie de l'imagination). La jalousie est non seulement une attitude mentale mais aussi une souffrance, une douleur physique et presque viscérale. En effet c'est une souffrance au cœur que ressent Swann en constatant l'absence d'Odette chez les Verdurin. De même c'est en éprouvant une sorte de croix dans son cœur qu'il reçoit l'aveu de ses aventures homosexuelles. Il compare donc sa douleur à une soudaine blessure, si vive, si atroce qu'il n'en éprouva jamais d'aussi cruelle. [...]
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