« L’amour vous condamne à la solitude », Virginia Woolf

Résumé du document

Cette dissertation, complète et entièrement rédigée, se propose d'analyser la citation de « L'amour vous condamne à la solitude » de Virginia Woolf, avec l'aide d'un corpus constitué de "La Chartreuse de Parme", roman du XIXe siècle écrit par Stendhal, du "Banquet" de Platon et du "Songe d'une nuit d'été" de William Shakespeare.

En quoi amour et fatalité sont-ils intrinsèquement liés ?

Dans un premier temps, nous évoquerons le désir amoureux comme désir de ne plus être seul, dans un second temps, nous nous intéresserons au couple comme atteinte d'un désir, et donc perte du désir, enfin, nous traiterons l'échec amoureux comme objet de perte et sentiment de solitude.

Extraits

[...] ] / Ô vous, les trois sœurs, / Venez, venez à moi ». Thisbé appelle les Parques pour venir rompre le fil de sa vie après avoir coupé celui de Pyrame. Ainsi, cette pièce qui est jouée lors de la cérémonie des trois mariages qui ont eu lieu, vient rappeler ce que l'un est à l'autre. Si l'amant doit retrouver sa moitié pour se sentir complet, il doit toutefois faire attention aux mauvais désirs. En effet, certains désirs sont bons, d'autres sont mauvais. [...]

[...] Lorsque l'amour fonctionne, que le désir est atteint, le désir meurt. En effet, si dans un premier temps, Platon explique que l'amour est « envié de qui s'en voit privé, précieux à qui s'en voit comblé », celui-ci revient sur ces propos en grâce à Socrate, en posant les questions suivantes : « Quand il possède ce qu'il désire, est-ce alors qu'il aime et le désire, ou quand il ne le possède pas ? - Quand il ne le possède pas : cela du moins est vraisemblable, dit-il. [...]

[...] C'est ainsi que dans La Chartreuse de Parme, nous pouvons lire que le privilège ne fait pas le bonheur : « La pensée du privilège avait desséché cette plante toujours si délicate qu'on nomme le bonheur. » Car une fois le privilège d'âtre aimé atteint, rien ne prédispose au bonheur, puisqu'il n'y a plus, dès lors, rien à atteindre. Lorsque le but est atteint, émane souvent un nouveau but. Ainsi, les histoires d'adultères émaillent la littérature. Mais parfois, ce second but est l'enfantement. [...]

[...] Alors qu'Agathon se rapproche de son maître, Alciabiade demeure seul et incompris, amant refusé. Socrate lui donne la leçon que l'amour ne se commande pas, et que l'échec amoureux doit être accueilli. Ce même échec amoureux est ressenti par Héléna dans Le Songe d'une nuit d'été, puisqu'au début de la pièce, les deux hommes sont épris de sa rivale amoureuse. D'autres fois, c'est le couple lui-même qui est en échec. Cet échec au sein du couple provient soit d'un personnage tiers, soit du fait que l'amour n'était initialement pas installé au début de la relation. [...]

[...] Mais trouver l'amour n'est pas une mince affaire lorsque cela signifie « trouver sa moitié ». En effet, Platon, dans le discours sur l'amour que présente Aristophane à l'assemblée de philosophes, évoque les hommes comme la moitié des être primitifs qu'ils ont été : « Ils avaient quatre mains, le même nombre de jambes, deux visages tout à fait pareils sur un cou parfaitement rond ; leur tête, au-dessus de ces deux visages situés à l'opposé l'un de l'autre, était unique ; ils avaient aussi quatre oreilles, deux organes de la génération, et le reste à l'avenant, autant qu'on peut imaginer. [...]