Ce document est une dissertation complète et entièrement rédigée qui se propose de discuter de la citation "L'amour est aveugle".
Dès lors, si le sentiment amoureux n'est ni la découverte de l'être aimé, ni une rencontre avec soi, de quoi l'amour est-il la construction ? Si les contradictions de l'amour nous poussent à aimer l'inconnu (ce que nous verrons dans une première partie), c'est que l'être aimé est construit par le sentiment amoureux (ce que nous étudierons dans un deuxième moment). Est-ce dire que l'amour est trompeur ? Nous verrons dans un troisième moment que l'amour est de l'ordre d'une opération poétique qui, dans l'être aimé permet de se construire soi-même comme sujet.
Pour développer notre raisonnement, nous ne appuyons que sur les références suivantes :
"Le Songe d'une nuit d'été" de William Shakespeare
"La Chartreuse de Parme" de Stendhal
"Le Banquet" de Platon
[...] La fuite est en elle- même ce qui façonne le sentiment amoureux. En témoigne les nombreux parallélismes de construction au sein du Songe d'une nuit d'été qui traduisent cet aspect contradictoire du sentiment et dont le plus célèbre est l'échange entre Héléna et Hermia au sujet de Démétrius : « Plus je le déteste et plus il me poursuit plus je l'aime et plus il me déteste » L'amour de Héléna pour Démétrius est en effet malheureux : elle l'aime de plus en plus à mesure qu'il la fuit. [...]
[...] En effet, si Fabrice insiste pour rester dans sa prison, c'est qu'il y est prisonnier de l'amour, et donc prisonnier de sa propre passion pour Clélia. S'il aime Clélia c'est que dans sa tour, il a le loisir de fantasmer sur les sentiments qu'il porte à la jeune femme. Une des conséquences de cette thèse est que l'amour peut apparaître comme une étourderie. « L'amour, nous dit Héléna (Le songe d'une nuit d'été, a le pouvoir de conférer noblesse et beauté aux choses viles et ordinaires qui n'ont aucune valeur. L'amour ne voit pas avec le yeux, mais avec l'âme. [...]
[...] Tout est dans la volonté et le vouloir vivre est dans la quête du sens. On peut voir comment cette position contraste avec celle présentée dans le romantisme de Shakespeare, qui dans le Songe d'une nuit d'été propose au contraire une vision assez ironique de la vérité du sentiment amoureux où chaque certitude en la matière est travestie par les rebondissements au sein de l'intrigue. Aimer = se construire soi-même. Ainsi l'amour nous permet-il de nous trouver nous-même ? C'est la thèse que défend le mythe d'Aristophane. [...]
[...] — Donc je te bâtis — je te fais ; et tu te défais. Je fais ma demeure, ma toile, mon nid, un tissu d'images pour y vivre, pour y cacher ce que je crois avoir trouvé, pour me cacher de moi. » Dans cette citation, Valéry réalise une analogie entre l'amour et la connaissance. S'il n'y a d'amour que de l'inconnu, c'est que l'amour ne pourrait pas porter sur quelque chose qui nous serait familier. Ainsi, l'amour est assimilée à la recherche. [...]
[...] La cristallisation. Selon Stendhal, l'amour s'identifie à une opération qu'il appelle la cristallisation. La cristallisation désigne le dépôt de sédimentation sur la femme aimée qui à la manière d'une statue révèle la vérité de ces formes. Est-ce dire que le sentiment amoureux travestit la personne que l'on aime ? Ce n'est pas le cas pour Stendhal pour qui la cristallisation consiste dans le fait de trouver son désir. Trouver son désir pour Stendhal c'est trouver ce qui est le plus créateur en soi-même, le surgissement du moi aimant. [...]
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