Dans L'Amant, roman à dominante autobiographique Marguerite Duras retrace son enfance en Cochinchine. C'est une période décisive de sa vie comme elle le dira elle-même : « Tout ce que j'ai vécu après ne sert à rien. Il a raison Stendhal, interminablement l'enfance ».
Le passage que nous allons étudier est l'incipit du roman. C'est un autoportrait sans concession de Duras par elle-même qui va présider au récit proprement dit qui s'ouvre sur la traversée effectuée sur le bac par la jeune fille de quinze ans qu'elle était. Ceci étant marqué par le changement énonciatif qui fait passer du « je » au « elle ».
Nous verrons comment, à travers cet autoportrait qui a une fonction inaugurale et spéculaire, Marguerite Duras scelle le pacte autobiographique avec son lecteur et engage l'oscillation de la mémoire entre passé et présent.
Nous suivrons le texte linéairement compte tenu de la diversité des paragraphes et des blancs typographiques qui matérialisent le travail d'écriture et de mémoire.
[...] EXPLICATION DE L'INCIPIT Dans L'Amant, roman à dominante autobiographique Marguerite Duras retrace son enfance en Cochinchine. C'est une période décisive de sa vie comme elle le dira elle-même : Tout ce que j'ai vécu après ne sert à rien. Il a raison Stendhal, interminablement l'enfance Le passage que nous allons étudier est l'incipit du roman. C'est un autoportrait sans concession de Duras par elle-même qui va présider au récit proprement dit qui s'ouvre sur la traversée effectuée sur le bac par la jeune fille de quinze ans qu'elle était. [...]
[...] L'utilisation du verbe enchanter placé en fin de vers est à rattacher à l'adjectif émerveillante On a ici l'impression d'une sublimation, d'une image absolue pérennisée dans le temps et d'autant plus valable au moment de l'écriture que les verbes sont conjugués au présent. La phrase suivante met en parallèle deux groupes adverbiaux très vite et trop tard qui se révèlent être presque antithétiques. Nous sommes revenus au passé, celui du souvenir et de la mémoire. L'emploi de la tournure impersonnelle il a été marque une forme de dépossession. Elle semble vouloir montrer que cela s'est fait indépendamment de sa volonté tout comme le souligne également l'impersonnel il était L'évocation de ses dix-huit ans nous replace bien alors dans l'autobiographie. [...]
[...] Au contraire d'en être effrayé j'ai vu s'opérer ce vieillissement de mon visage avec l'intérêt que j'aurais pris par exemple au déroulement d'une lecture. Je savais aussi que je ne me trompais pas, qu'un jour il se ralentirait et qu'il prendrait son cours normal. Les gens qui m'avaient connue à dix-sept ans lors de mon voyage en France ont été impressionnés quand ils m'ont revue, deux ans après, à dix-neuf ans. Ce visage-là, nouveau, je l'ai gardé. Il a été mon visage. [...]
[...] Le verbe changer s'applique également à ce visage et exprime à nouveau le vieillissement qui apparaît comme sujet de l'action faire L'intensité se fait ici ressentir grâce à l'usage des intensifs répétés trois fois. Rythme ternaire qui se retrouve dans la construction de la phrase elle-même avec les trois verbes à l'infinitif. Le troisième verbe exprime une action marquer qui connote l'intensité. Enfin le substantif cassures »peut aussi bien s'appliquer au physique qu'au moral et peut symboliquement représenter la rupture, la fracture qui se produit en elle lors de ce vieillissement, à cet âge charnière que sont ses dix- huit ans. [...]
[...] A nouveau le substantif vieillissement est employé. Ceci est renforcé par le démonstratif ce Ainsi ce terme répété de façon presque émotive revient comme un leitmotiv pour signifier son importance dans la constitution du moi. L'emploi du passé composé a été place l'événement dans un passé révolu mais qui influence encore le présent de l'énonciation et est évoqué de façon rétrospective pour mettre en place dans le cadre de l'autobiographie une relation de confidence avec le lecteur : elle se raconte. [...]
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