Alcools, Nuit rhénane, Guillaume Apollinaire, ivresse dionysiaque, écriture poétique, 1913
Nuit rhénane, publié en 1913 dans le recueil Alcools de Guillaume Apollinaire, appartient au premier poème du cycle rhénan. Le poème est marqué de l'histoire d'Apollinaire, qui fasciné par l'Allemagne, y étudie le folklore médiéval. Ce poème illustre à merveille le titre même du recueil, car le thème de l'alcool y est largement présent, ainsi que ses conséquences, c'est-à-dire un glissement progressif du réel vers un monde surnaturel dû à l'ivresse. Mais cette ivresse qui est tout d'abord dionysiaque devient créatrice : le poète se sert non seulement de l'anecdote du verre l'alcool pour nous plonger dans un univers éloigné du réel avec l'évocation de créatures appartenant au bestiaire de la mythologie allemande, mais tout le poème semble imprégné de cette ivresse comme en témoigne sa déconstruction verbale, son absence de ponctuation, sa structure et son manque de précision sur les destinataires qui créent la surprise voire le vertige, comme si le verre affectait le vers.
[...] Sa vision semble déformée, il parait en proie à une illusion qui altère ses perceptions. Le rythme du vers motive d'ailleurs ce processus : la répartition rythmique du vers 1 en en chiasme, révèle la cause de ce trouble en téléscopant vin et trembleur Ainsi, le premier vers semble donc programmatique de l'expérience du sujet lyrique. Cette ivresse se retrouve tout au long du poème avec ce lexique de l'alcool dont on a l'exemple de verre repris deux fois, vin ivre vignes . [...]
[...] En effet, la mascrostructure du poème donne cet aspect circulaire, clos, comme si le premier vers correspondait au dernier offrant nombreuses possibilités herméneutiques : le verre cassé représente il la fin du rêve, du charme opéré par l'ivresse ou est-ce le rire diabolique des sirènes qui a fini par casser le verre ? Par sa microstructure le poème rappelle également cette idée d'enfermement, de prison, car les femmes tordent leur cheveux donc idée de circularité. + monde de reflet. Donc le Rhin le Rhin Stabilité pour combattre ce vertige. Si l'ivresse semble avoir une emprise sur la réalité du sujet lyrique, au point de la vicier La métaphore filée de la vigne semble donc représenter le poète dans son travail de création. [...]
[...] En effet, l'expérience narrée semble être une expérience teintée de lyrisme. Les thèmes évoqués sont propres au lyrisme, comme la célébration de la nature, l'importance de la nuit ou encore la mélancolie qui se dégage de ces vers. En effet, la nature est ici glorifiée : l'anadiplose du Rhin au vers 9 révèle l'obsession du sujet lyrique pour ce lieu, lieu qui semble exercée une force hypnotisante et propice au recueillement. En effet, la répétition de ce lieu confére une tonalité élégiaque. [...]
[...] Donc on peut essayer d'analyser comment le sujet lyrique essaye de s'en sortir et d'échapper à l'emprise maléfique de ces femmes aux cheveux verts. Pour combattre l'emprise pernicieuse des femmes et le vertige qui l'affecte, le sujet lyrique cherche une aide extérieure qui pourrait le sauver. Ainsi, le recours à l'injonctif au vers 5 Debout chantez plus fort en dansant une ronde semble démultiplier les destinataires : si le vers 2 s'adresse explicitement au lecteur, le vers 5 semble avoir un autre destinataire, peut-être les compagnons de beuverie du sujet lyrique. [...]
[...] Nuit rhénane apparaît comme un poème fortement incantatoire, placé sous la signe de l'oralité. Ainsi si le poème est lyrique, c'est peut- être en partie grâce à sa musicalité. Le polyptote du mot chanson qui apparaît au vers 1 et ses dérivations comme chantez au vers 5 ou incantent au vers 12 profére au poème une dimension mythique, comme si le batelier était un rhapsode. En fait, le sujet lyrique en étant à l'écoute du batelier semble introduire métatextuellement un poème dans un autre poème, comme si la réalité se mêlait à la fiction. [...]
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