On pourrait d'abord penser que Le premier homme est un récit fictif narrant l'enfance pauvre en Algérie de Jacques Cormery ainsi que la quête des origines du personnage devenu adulte. Mais il faut être naïf, ou n'avoir aucune notion biographique sur l'auteur pour ne pas reconnaître Camus enfant sous les traits de cet écolier algérien. Ainsi, bien que les noms des personnages soient fictifs, on ne peut nier que la matière de cet ouvrage est en grande partie d'ordre autobiographique. D'ailleurs, la note de l'auteur « En somme, je vais parler de ceux que j'aimais » confirme cette idée d'une autobiographie à peine dissimulée. Jacques Cormery, alter ego de Camus en est le personnage principal. Le roman s'ouvre sur la naissance de Jacques et raconte son enfance dans un petit village arabe en Algérie, sa famille, la vie avec sa mère et sa grand-mère, les jeux avec ses camarades…Mais il témoigne aussi de la quête d'identité de Jacques (donc de Camus) par le biais de la recherche de son père.
Notre étude n'a pas pour prétention d'examiner les enjeux autobiographiques de cet ouvrage, mais d'analyser avec rigueur tous les éléments qui montrent que Le premier homme est une autobiographie. Nous constaterons néanmoins que certaines caractéristiques du récit se veulent impersonnelles à l'auteur.
[...] Il écrit ainsi par inadvertance, Vve Camus pour Catherine Cormery ou le nom réel de son instituteur M. Germain à la place de M. Bernard. De plus, le prénom de la mère de Jacques, Lucie, évoque le prénom du père de Camus, Lucien. Il s'est également inspiré des prénoms de sa famille pour nommer le personnage principal puisque Cormery est le nom de sa grand-mère paternelle. La dénomination des personnages est donc directement inspirée des membres de la famille de l'auteur. [...]
[...] Albert Camus, Le Premier Homme : S'agit-il d'une autobiographie ? On pourrait d'abord penser que Le premier homme est un récit fictif narrant l'enfance pauvre en Algérie de Jacques Cormery ainsi que la quête des origines du personnage devenu adulte. Mais il faut être naïf, ou n'avoir aucune notion biographique sur l'auteur pour ne pas reconnaître Camus enfant sous les traits de cet écolier algérien. Ainsi, bien que les noms des personnages soient fictifs, on ne peut nier que la matière de cet ouvrage est en grande partie d'ordre autobiographique. [...]
[...] D'autre part, l'auteur a dévoilé le contenu personnel de son œuvre par le biais du choix des personnages, de leurs prénoms et du contexte spatio-temporel du récit. Toutefois, l'écriture à la troisième personne, la dimension mythique qui transparaît de l'œuvre ainsi que le fictif de certaines scènes où l'imagination de Camus prévaut sur sa mémoire, sont des aspects de l'œuvre qui nous empêchent de désigner ce roman comme étant une autobiographie. On peut néanmoins déclarer que peu de romans se donnent aussi peu la peine de camoufler leur caractère autobiographique. [...]
[...] Nous l'avons dit, Le premier homme peut être assimilé à une autobiographie, comment se manifeste celle-ci, sous quelles formes ? Le premier élément de réponse à cette question est le récit rétrospectif que fait Camus de sa propre vie. En effet, même si l'auteur se réfugie derrière un pseudonyme (Jacques Cormery) le récit reste autobiographique, car les événements narrés sont ceux qu'a vécus l'auteur. De plus, l'auteur prend Jacques pour personnage central et toute l'intrigue n'existe que par rapport à lui En outre, on sait qu'une autobiographie passe nécessairement par le récit de l'enfance de l'auteur, car celle-ci constitue un moment essentiel de la vie, celui où se forge la personnalité du futur adulte. [...]
[...] Cependant, la forme, elle, s'oppose au genre autobiographique. En effet, le récit, bien qu'il raconte l'enfance d'Albert Camus, est à la troisième personne du singulier. On observe donc une prise de distance et un décalage avec le je autobiographique traditionnel : il n'y a pas de pacte autobiographique. On peut expliquer ce choix de narration de deux manières distinctes. D'une part, cette forme permet à Camus un certain anonymat. L'utilisation de la troisième personne masque ainsi la pudeur naturelle avec laquelle l'auteur traite de ses questions personnelles telles que l'impossible quête d'identité. [...]
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