En quoi les capacités phonétiques et phonologiques du bébé permettent d'illustrer le rôle respectif des contraintes génétiques et de l'expérience dans l'acquisition d'une part, d'expliquer le poids des structures particulières de la langue qu'apprend l'enfant dans les modalités d'acquisition d'autre part.
[...] Ces habiletés phonologiques sont de plus travaillées de manière intuitive, non intentionnelle ou passive par l'enfant pour être ensuite reprises et travaillées intentionnellement, avec notamment les apprentissages scolaires qui parfaissent l'acquisition globale de la langue. Dès lors, si le langage environnemental constitue le terrain expérimental de l'acquisition du langage du jeune enfant, lui imposant autant de contraintes spécifiques dans son apprentissage, on ne peut être surpris des différences thématiques lexicales, selon qu'un enfant est natif du français ou du japonais. Un petit japonais utilisera plus fréquemment des mots se rapportant à la nature tandis qu'un petit français se réfèrera davantage au registre de la nourriture et de l'habillement. Acquisition signifie donc pré valablement expérience. [...]
[...] Ainsi, les nourrissons natifs du français discriminent un accent de durée, c'est-à-dire la capacité à allonger légèrement la dernière syllabe d'une unité rythmique alors qu'un natif anglais sera sensibilisé à l'accent tonique généralement porté sur la première syllabe d'un mot, le rendant dès lors reconnaissable et seccable du mot qui précède. Les nourrissons expérimentent rapidement eux-mêmes ces caractéristiques singulières de leur langue d'origine. Un enfant français allongera sa dernière syllabe et aura tendance à marquer une pause de groupe rythmique au bout de 4 à 6 syllabes là ou un petit anglophone marquera une pause rythmique au bout de la 3e seulement. [...]
[...] Si le bébé de 0 à 2 mois est déjà doté de compétences phonologiques précoces- il peut différencier des sons, il doit attendre 6 mois pour produire ses propres vocalises et syllabes et c'est à 18 mois qu'il entre en phase linguistique en participant activement à la création phonologique de base, qui se développera ensuite, progressivement jusqu'à ses 6 ans. La conscience phonologique, elle, ne se développe que vers 5 ans. Elle constitue un pré- requis cognitif indispensable à l'apprentissage de la lecture, notamment. Son absence constitue, par exemple, le signe d'un trouble probable, à l'origine de la dyslexie. [...]
[...] Par ailleurs, notons que le paradigme d'habituation/réaction à la nouveauté d'une langue mesurée par le taux de succions non nutritives chez le nourrisson a été révélé en présence d'un stimulus répété et d'un nouvel élément, ici une nouvelle langue. Ce test mis en évidence par Mehler prouve combien l'expérience faite d'une langue donnée c'est-à-dire habituelle, par la réception, puis par l'acquisition est prépondérante dans le processus du langage chez le tout petit enfant. Si inné et acquis se combinent intégralement dans l'acquisition langagière, l'apprentissage de l'enfant se construit intégralement sur une langue donnée, la langue maternelle. Dès 5/6 mois, les vocalisations du nourrisson s'imprégner des premières marques prosodiques perçues de la langue maternelle en intensité comme en accentuation. [...]
[...] De l'innée à l'acquis, nous allons voir comment se partage l'héritage du langage oral. Les capacités phonétiques et phonologiques répondent, en effet, d'abord, à une part d'innée, qui, si elles se développent dès les premiers mois de vie de l'enfant, sont en réalité « inscrites » dans son patrimoine biologique et génétique. Sur le plan biologique donc, l'acquisition du langage est conditionnée par la maturité des organes phonatoires et de leurs commandes neuro-musculaires; des structures corticales et de l'appareil auditif. [...]
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