Le roman est-il une trace intemporelle de l'existence humaine capable de peindre son universelle complexité ?
[...] L'écrivain et le roman font du lecteur un modèle de l'homme de libre, celui qui panse ses blessures, son manque de connaissance. On peut alors rappeler ici la notion de mimésis théorisée par Aristote selon laquelle le roman permet la purgation de l'âme. Par exemple, dans L'Ensorcelée, Barbey d'Aurevilly utilise le fantastique afin de faire vivre au lecteur l'expérience de la peur. Lorsque l'abbé de la Croix-Jean s'apprête à rendre l'âme, le lecteur questionne sa propre morale et ses propres choix face à une pareille situation. [...]
[...] Si l'homme est coupé de son passé, c'est parce qu'il ne ressent pas le besoin instinctif de se cultiver afin de pallier ce manque, peut-être même qu'il ne ressent pas ce manque. Pourtant, la littérature faire naître ce sentiment de manque en lui présentant un produit qui lui fait prendre inconsciemment conscience de sa propre condition. On pourrait alors citer La Condition Humaine de Malraux ou encore Un Roi sans divertissement de Giono qui traitent de la condition de l'être humain. [...]
[...] Par exemple, le roman QuatreVing-Treize de Victor Hugo est également le produit d'une longue rétrospection sur la Révolution Française et sur ses propres origines, puisqu'il était le fils d'un père partisan de la révolution et d'une mère en faveur de la monarchie. Les auteurs s'inspirent donc de leur propre passé afin d'en tirer des observations dans le présent. Pourtant, ils doivent passer par une certaine déformation du réelle qui est propre au genre romanesque. Le romancier passe toujours pas une élaboration esthétique dans la rédaction de son roman. [...]
[...] Néanmoins, la citation de Milan Kundera nous invitait à questionner plus en détail la fonction didactique du roman. En effet, nous pouvons affirmer que roman permet de figer un temps donné dans le but de refléter le monde dans sa totalité en permettant de mettre en évidence des aspects culturels, sociaux ou littéraires qui ne sont pas toujours spécifiques à une époque. Le roman reste donc un genre doté de fonctions diverses qu'on peut qualifier de genre protéiforme puisqu'il peut englober à lui-seul tous les autres genres ainsi que leurs différentes spécificités. [...]
[...] On ne peut donc pas lire un roman dans le but de lire le réel. En effet, on remarquera par exemple que le langage romanesque n'est pas le langage que l'on retrouve dans la « vie ». Par conséquent, le roman ne peut pas être le réel. Il n'est pas non plus une véritable représentation du réel, c'est-à-dire une image fidèle de la réalité. Les personnages ou leurs sentiments ne sont pas des personnages qui existent dans le monde réel, que l'on peut véritablement rencontrer. [...]
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