Les dernières oeuvres de Zola appartiennent au cycle romanesque de l'utopie : Les Quatre Evangiles (Fécondité (1899), Travail (1901)). Justice n'a pu être « écrit ». Dans ce cycle romanesque, Zola décrit la construction de la « cité de justice et de bonheur » par les enfants de Pierre Froment et de sa femme Marie.
L'expression appartient déjà à Sigismond dans L'Argent (ch.XII, p.487). Travail évoque Germinal, il a aussi pour fin de figurer une société sans argent : il entre ainsi en résonance avec le roman de 1890.
Les hommes de Lettres et l'argent
1 - La fortune de Zola
Zola a fait fortune grâce à sa carrière littéraire, comme certains écrivains de feuilletons (Alexandre Dumas) : c'était à cette époque le théâtre ou la «littérature industrielle» du feuilleton (Sainte-Beuve) qui enrichissaient les hommes de Lettres. En effet, à partir du succès de L'Assommoir, tous ses ouvrages ont été lus aussi bien par le public bourgeois que par des lecteurs populaires. Il administrait avec beaucoup de sagacité ses contrats éditoriaux pour les Rougon-Macquart, était attentif à ses droits d'auteur pour les traductions étrangères, rédigeait des réclames qui paraissaient dans les journaux où devaient être publiés ses romans sous forme de feuilletons.
2 - La liberté de l'écrivain, grâce à l'argent
Zola, président de la Société des gens de Lettres (chargée de faire respecter la propriété des oeuvres littéraires), en même temps qu'il publie L'Argent, estime que cette bonne gestion commerciale est inséparable du travail de l'écrivain moderne.
Dans un article de 1880, "L'argent et la littérature", chapitre important du Roman expérimental, il oppose l'écrivain classique, comme La Fontaine, Racine ou Corneille, à l'écrivain moderne dont il fait une description proche de l'autoportrait. C'est un travailleur assidu qui, à force d'écrire dans les journaux et de travailler ses romans, s'impose à ses contemporains. Cette opposition de l'écrivain classique des XVIIème ou XVIIIème siècles, subordonné au protecteur qui le pensionne, et l'écrivain du XIXème siècle démocratique, qui conquiert son argent par ses succès, est profonde. Zola prétend que le premier est contraint à l'académisme, tandis que le second est le seul qui soit moralement et intellectuellement libre. (...)
[...] Zola, lorsqu'il publie Les Romanciers naturalistes en 1881, oppose ainsi l'héritage réaliste d'Honoré de Balzac, à l'héritage idéaliste de George Sand. L'idéalisme est la tendance à mettre en scène des personnages idéaux plutôt que vraisemblables, à étudier des natures extraordinaires à privilégier des intrigues qui nagent en plein romanesque pour reprendre les termes de Zola. En bref, les idéalistes privilégient l'imagination sur l'observation - Le réalisme Au sens strict, le réalisme est le mouvement esthétique qui s'affirme au milieu du XIXème siècle en peinture (toiles de Gustave Courbet à partir de 1848, que Zola vantera en 1866), et fait l'objet de plusieurs manifestes esthétiques en 1857, l'année de la publication de Madame Bovary de Flaubert. [...]
[...] C - Il ajoute enfin que la moralité du roman naturaliste - malgré les accusations d'immoralité de ses détracteurs- réside dans sa vérité même : les idéalistes prétendent qu'il est nécessaire de mentir pour être moral, les naturalistes affirment qu'on ne saurait être moral en dehors du vrai.» D - L'importance de la documentation Le roman naturaliste implique une méthode de préparation des ouvrages. Le romancier doit rassembler des documents humains Il doit se renseigner sur tous les aspects de la réalité qu'il prétend décrire. [...]
[...] Goncourt critique vivement dans son Journal le succès éditorial de Zola et ses façons de parvenu. En effet, le couple Emile et Alexandrine Zola mène grand train à partir des années 89. Toutefois, Zola demeure représentatif de la pusillanimité bourgeoise de son époque devant les placements aventureux. Il ne possède pas de portefeuille boursier, c 'est son éditeur et ami Charpentier qui lui tient lieu de banquier. Le réalisme et le naturalisme_ 1 - Définition «Réalisme» et «naturalisme» sont deux termes différents pour une réalité esthétique à peu près identique. [...]
[...] Zola réplique : On se lamente en criant que l'esprit littéraire s'en va ; ce n'est pas vrai, il se transforme. Il ajoute : Et veut-on savoir aujourd'hui ce qui doit nous faire dignes et respectés : c'est l'argent. Il est bête de déclamer contre l'argent, qui est une force sociale considérable. Ces phrases sont proches de ce qu'il écrit dix ans plus tard dans l'ébauche de son roman L'Argent. Cependant, à son époque, les préjugés des gens de Lettres contre l'argent demeurent très vifs. [...]
[...] Zola se comporte donc comme un ethnologue ou un sociologue, et ses carnets, aujourd'hui édités, constituent un document important sur la vie en France dans le dernier quart du XIXème siècle. E - La subjectivité de l'œuvre naturaliste Cette recherche d'objectivité, voire d'expérimentation, n'empêche pas la subjectivité. D'abord, l'artiste choisit ce qu'il veut représenter. Le romancier n'est pas le simple greffier d'une expérience qui se déroulerait sans lui. Les théoriciens ont toujours admis que la reproduction de la nature par l'homme ne sera jamais une reproduction, ni une imitation, mais une interprétation. Zola affirme aussi que le grand écrivain a un «tempérament». [...]
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