Italo Calvino entre en écriture aux débuts du néo-réalisme, mouvance qui domine la culture italienne de 1945 à 1955. Le néo-réalisme n'est pas une doctrine littéraire disposant d'une codification rigoureuse, chaque écrivain est néo-réaliste à sa manière. Cependant, ces écrivains ont des ambitions communes. Les bouleversements politiques qu'ont entraînés la Seconde Guerre mondiale et la chute du régime fasciste somment l'écrivain de se situer et de tirer au clair les rapports que la littérature entretient avec la réalité. Cette mise en question comporte deux phases : un examen critique de la littérature de l'entre-deux guerres, la définition de la nouvelle tâche que l'écrivain s'assigne.
[...] Dans les définitions des dictionnaires, le fantastique est l'exact contraire du réel. Le fantastique, c'est tout ce qui tient de l'illusion, de l'imagination. Ainsi, au terme de fantastique, il est préférable de substituer celui de fabuleux, bien qu'Italo Calvino en détourne encore la définition : Ce n'est pas un hasard si j'avais débuté par des histoires de partisans : elles venaient à point parce que c'étaient des histoires aventureuses, tout en mouvement, tout en détonation, un peu cruelles et un peu fanfaronnes comme l'esprit du temps, assaisonnées du suspens qui est au récit comme le sel4. [...]
[...] L'entrée en littérature d'Italo Calvino Né l'année de la prise du pouvoir par Mussolini (1923), Italo Calvino appartient à cette génération qui a grandi avec le fascisme. Sympathisant du parti communiste, il est entré en littérature à l'époque du néo-réalisme triomphant et au moment où dans Il Politecnico les intellectuels débattaient du problème de l'engagement. Elio Vittorini y posait deux exigences difficiles à concilier : l'intellectuel de gauche qui partageait l'idéal révolutionnaire de la Résistance devait demeurer engagé ; toutefois, le réalisme socialiste était récusé car le culturel ne devait pas être subordonné au politique. [...]
[...] se demande Pin. Il traverse des près où sont enterrés tous les morts, les yeux pleins de terre Pin les évite, il fait des détours, par crainte de déterrer un cadavre en creusant une tombe pour le faucon. En fait, il a peur des morts, mais pense que ce serait drôle de déterrer un mort, un mort tout nu, avec les dents découvertes et les orbites vides Le réalisme s'arrête à cette rencontre avec la mort : Pin ne prendra part à aucune bataille et reste, en cela, un enfant. [...]
[...] Pour le choix des thèmes, il n'est pas besoin de faire appel à l'imaginaire, sous toutes ses formes, ou à la mémoire. La réalité impose ses priorités : la guerre, l'écroulement du fascisme, la Résistance. Ainsi, L'écrivain sera un témoin direct, relatant une expérience vécue, ou bien un chroniqueur impartial qui constitue des dossiers, en vue d'interpréter la situation historique. Si le néo-réalisme privilégie logiquement la prose, il n'accepte qu'avec précaution l'étiquette romanesque Il redéfinit donc la réalité, qui coïncide avec la réalité sociale : lutte des classes, condition ouvrière ou paysanne. C'est une conception mutilée de la réalité. [...]
[...] Car Italo Calvino n'est pas un chroniqueur. Ses concessions aux exigences néo-réalistes sont somme toute marginales : la violence des sentiments, un langage cru. Cependant, il ne tombe pas dans le vérisme, le populisme, le sentimentalisme bien que dans ce récit conté avec les yeux de l'enfance, la violence de la réalité est montrée. L'auteur s'attache à montrer une approche enfantine et poétique de la réalité, fût-elle sanglante. L'enfant qu'il met en scène est menacé par le struggle for life. [...]
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