Un roman désigne une œuvre littéraire où le récit est écrit généralement en prose et de longueur variable. Au XVIème siècle, le récit est parlé, la rédaction écrite conserve le rythme, l'accent de la voix et la spontanéité de la verve. Pendant l'âge baroque, la verve du conteur disparaît et le réel est mis en forme par l'esprit. Aux mots et à l'image succèdent la phrase et la métaphore. De plus, l'incantation prend la place de l'exubérance. Une transfiguration de la réalité grossière se traduit par le style pour exalter le sublime des âmes. Le lien entre le romanesque et l'artifice de l'expression s'exprime de plusieurs façons. Tout d'abord, le roman est à la fois action et discours. La belle âme ne se montre que dans la mesure où elle parle. Enfin, l'action est lente à se développer car elle est retardée par des descriptions, des dialogues ou simplement par la pompe du langage. Un rapide parcours du nombre de romans souligne que le genre s'affirme. Néanmoins, il demeure un genre peu estimé. Les discussions sur la dignité du roman se poursuivent jusqu'au XVIIIème siècle. La coexistence de tendances diverses, la survivance du passé à côté des prémisses de l'avenir, les hésitations et les contradictions des auteurs rendent ainsi impossible l'établissement d'un classement. En quoi la compréhension de l'histoire du roman explique le succès de ce genre littéraire ? Nous étudierons tout d'abord le roman sentimental puis nous analyserons les romans tragiques, héroïques et comiques.
[...] Dans ce genre de roman, la convention est portée à son comble. Elle paralyse et sclérose toute l'action ainsi que la psychologie et le style. Le ridicule transparaît dans l'excès tel que dans les romans de Jacques Corbin ou Antoine de Nervèze (1570-1622). Les romans de ces derniers ne sont pas un simple divertissement. Nous y retrouvons l'existence de forces qui se combattent dans l'âme des personnages. Les données romanesques sont intéressantes sous la monotonie des intrigues et l'extravagance du style. [...]
[...] Les romanciers de ce genre nouveau cherchent ses règles et ses références. Ils ont un problème pour se définir par rapport au genre épique, à la tragédie qui tend à fixer ses règles à la fin des années 1620. Le roman héroïque est une épopée en prose qui distingue par son style moins élevé, plus vraisemblable que merveilleux, et par ses épisodes plus nombreux. L'amour et la guerre ne sont plus les thèmes majeurs. Les principales règles l'unité de temps et de lieu, la composition qui jette le lecteur au milieu de l'action, la multiplicité des intrigues et encore l'accord de vraisemblance romanesque et de vérité historique qui sert de toile de fond. [...]
[...] Néanmoins, un trait commun unifie toutefois ces œuvres, c'est le roman de la parole apprêtée. Bibliographie Adam Antoine, Histoire de la littérature française du XVIIème siècle, Paris, Albin Michel Honoré d'Urfé, L'Astrée, Paris, Union Générale d'Editions Gustave Reynier, Le roman sentimental avant l'Astrée, Paris, A. Colin, rééd.1971 Romanciers du XVIIème siècle, Paris, Gallimard François de Rosset, Les histoires mémorables et tragiques de ce temps, Paris, Librairie générale française Paul Scarron, Le roman comique, Paris, Librairie générale française Didier Souiller, Le roman picaresque, Paris, PUF La mort d'Urfé avant la fin de la parution fait que la cinquième partie est publiée par Baro en 1627. [...]
[...] Dans le roman personnel, on voit l'influence du roman picaresque espagnol. D'une part, une grande importance est accordée aux conditions matérielles de l'existence. D'autre part, l'auteur se préoccupe constamment du picaro et de la narration autobiographique. Fictif ou réel, le picaro raconte lui-même sa vie. C'est une forme très peu représentée en France à cette époque. Dans Le Page disgracié (1643), Tristan L'Hermite (1601-1655) raconte les dix-neuf premières années de sa vie. Le romancier comique par excellence est Charles Sorel (1600-1674) avec sa Vraie histoire comique de Francion (1622). [...]
[...] Comme lui, Paul Scarron (1610-1660) appelle de ses vœux un roman vraisemblable, selon la portée de l'humanité mais donne des réalités basses, des images volontairement exagérées et ridicules. Ce roman raconte des histoires intéressantes et permet de montrer l'enchevêtrement de destinées soumises aux nécessités et au jeu des passions. L'intérêt de ce genre littéraire se trouve dans la narration d'aventure, l'étude des mœurs ou des caractères des personnages, l'analyse des sentiments, la représentation objective ou subjective du réel. C'est pourquoi, on ne peut réellement comprendre le roman sans faire un travail rétrospectif de la fin du XVIème siècle aux années 1660. [...]
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