Une petite histoire du roman
On a dit que les romans étaient susceptibles de nourrir les illusions de ceux qui les lisent et de pervertir à la fois leur perception de la réalité et leur jugement, voire leur moralité. Ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui le roman occupe une place de choix, son public est étendu et plus divers que les autres genres littéraires; il est convaincant et séduisant par son effet de réel, sa forme originale le fait dévorer tous les autres genres. Il emprune à l'épopée sa narration, au théâtre ses dialogues, à la poésie son pouvoir de métamorphose, à la peinture l'organisation de ses descriptions , il colonise tous les domaines littéraires. Cela en fait un genre « prédateur » Il convient d'en retracer rapidement son histoire afin de mesurer sa diversité, et son pouvoir de séduction
[...] L'oeuvre de Proust ou celle d'Aragon prolongent elles aussi, par bien des aspects la description balzacienne ou stendhalienne de la société. L'analyse psychologique. Il convient de distinguer un héritage direct, celui d'un Mauriac et une évolution pour lequel le terme analyse psychologique semble ne plus convenir. Au psychologique pur se substituent l'aventure d'une conscience chez Proust, les soubresauts de l'inconscient chez Sarraute les tropismes A l'analyse menée par le romancier succède la voix du monologue intérieur, celle des sous-conversations ou d'un je indéterminé (comme dans La chute de Camus). L'aventure de l'écriture. [...]
[...] Ils arrangent les faits historiques, mettent sur le même plan les souvenirs vécus et les contes rebattus, les circonstances plausibles et les invraisemblances. La confusion du vrai ou du faux est la conséquence de la crise intellectuelle et morale diagnostiquée par P. Hazard. Le roman s'en ressent plus que tout autre genre littéraire, parce qu'il n'est pas codifié par des règles et n'a pas pour but d'être fidèle à un idéal esthétique, mais de figurer une réalité et des sentiments vécus. [...]
[...] B-Le réalisme et le naturalisme le petit fait vrai »(expression stendhalienne) qui désigne le détail indispensable à la mise en marche de l'écriture, le support du récit, en même temps que la garantie de sa vérité. En situant ses romans dans une époque récente, Stendhal s'écarte du genre historique. Si ses héros, déchirés entre leurs idéaux et la médiocrité que leur impose la société, restent tributaires d'une vision romantique du monde, il ouvre la voie d'un réalisme nouveau. Il entend fonder sa fiction sur l'étude du vrai et copier la réalité d'après nature. Son idéal du roman est le roman à détails comme il l'écrit dans sa Vie de Henry Brulard. [...]
[...] On semble démystifier le genre romanesque en revenant à plus de gaieté et au réalisme cru : Le Roman comique de Scarron (16651-1657), le Roman bourgeois de Furetière (1666). Très éloignée des récits boursouflés de bergers amoureux que des aventures bouffonnes de roturiers malins, Mme de Lafayette, invente une manière nouvelle de raconter une histoire, plus brève (proche de la nouvelle) et plus vraisemblable. Le romancier veut être cru sur parole. La princesse de Clèves devient un exemple du genre classique dans la veine du roman d'analyse, roman historique, roman sentimental, roman moral, roman court, concis, moderne, vrai. [...]
[...] Ce roman ne ressemble pas à la prose narrative que nous connaissons. Il est écrit en vers et il faudra attendre le XIIIème siècle pour qu'apparaisse, puis s'impose l'écriture en prose. Le récit médiéval aborde trois matières : la matière de France qui constitue davantage le sujet de l'épopée, la matière antique qui donne naissance aux Romans de Thèbes, Enéas et Troie ou aux diverses versions du Roman d'Alexandre; et enfin, la matière de Bretagne qui nourrit à la fois le Trisan, et les romans arthuriens, dont le maître d'oeuvre est Chrétien de Troyes. [...]
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