Rousseau est devenu célèbre au XVIIIe par son Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes, où il développe l'idée que c'est l'instinct de possession et le développement de la concupiscence (le fait de désirer posséder des biens divers et variés) qui a perdu l'homme. Voltaire a accueilli ce discours de manière très caustique en disant à Rousseau que son discours donnait envie... de se mettre à quatre pattes et de se mettre à brouter l'herbe !
En effet, Voltaire ne partage pas du tout cette vision pessimiste de l'évolution de l'humanité. Pour lui au contraire le siècle présent est de nombreuses manières le cercle du progrès, du progrès industriel (découvertes, extension des voyages, etc), du progrès en termes de confort de vie. Dans Le Mondain, Voltaire développe ainsi sa vision du bonheur : une vision qui n'est pas liée à un état de nature, mais comme le montre le titre, au monde et à tout ce qu'il peut procurer.
[...] III/ L'insolence voltairienne La mise en scène du « moi » Voltaire présente son avis de manière assez insolente : en effet, il assume tout à fait ses opinions et n'hésite pas à se mettre en scène dans son poème. On remarque l'abondance des marques de la première personne. Ainsi le « moi » est mis en valeur vers 5 par sa place dans la structure de la phrase (protase/apodose) : au début de l'apodose, le moi est particulièrement souligné. On note ensuite les marques se rapportant au narrateur : « mes » « je ». [...]
[...] En célébrant les vaisseaux, Voltaire célèbre aussi l'échange de marchandises : le développement des transports permet de découvrir de nouvelles denrées, et donc de nouveaux plaisirs, c'est ce qu'il appelle un « heureux échange » : l'échange, la découverte de nouveauté est « heureux », permet le bonheur. De même, la France peut répandre ses découvertes et ses plaisirs : les musulmans découvrent le « vin » de France. Une vision matérialiste du bonheur ? La vision du bonheur de Voltaire est également très matérialiste. [...]
[...] Traditionnellement, au XVIIIème siècle, on évoque avec regret le « siècle d'or » passé, disparu et o parle du temps présent comme un « âge de fer » bien moins heureux. [...]
[...] Ainsi le vers « J'aime le luxe, et même la mollesse » fonctionne avec une gradation des termes : Voltaire assume tout à fait son opinion. On remarque aussi l'ironie de la dénomination « mon cœur très immonde » (« Il est bien doux pour mon cœur très immonde/ De voir ici l'abondance à la ronde »). L'adjectif n'est pas à prendre au premier degré : Voltaire ici assume avec insolence un reproche qu'on pourrait lui faire. Une opinion présentée comme le bon sens De plus Voltaire présente son opinion non pas comme une opinion particulière mais comme le bon sens, selon lui tous les hommes devraient partager cette opinion. [...]
[...] Une attaque indirecte contre Rousseau Voltaire n'hésite pas à dire qu'il a raison et il cherche à ranger le lecteur de son côté. Il faut également replacer le poème dans le débat d'un contexte historique : Voltaire, qui croit au progrès de la société et de la civilisation s'oppose à certains penseurs comme Rousseau pour qui au contraire l'homme était bon et heureux à l'état de nature (donc lorsqu'il ne possédait rien et se contentait de peu), et est à présent malheureux parce qu'il est jaloux des possessions des autres (De l'origine de l'inégalité parmi les hommes). [...]
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