Molière a inscrit dans ses comédies les questions sociales, morales et esthétiques de son époque. L'Avare, pièce consacrée au problème de l'argent, pose, à propos de ce thème le problème d'un art de vivre, fondé sur la mesure (modèle de « l'honnête homme », cher au XVIIème siècle), et celui de la nature, question philosophique sur laquelle se sont penchés les Libertins, courant de pensée auquel se rattachait Molière. On voit que la question est à la fois sociale, mais aussi morale, et philosophique. Par la comédie, Molière conduit le spectateur à s'interroger sur les moeurs de son temps, sur ses préjugés moraux, et sur la vérité humaine.
I) Le courant libertin :
Une philosophie à l'origine du libertinage mondain :
Les libertins constituent au XVIIème siècle un courant de pensée qui bat en brèche les dogmes religieux. Ils tendent à se libérer du catholicisme pour donner à l'existence humaine un sens uniquement terrestre. Certains d'entre eux étaient des protestants convertis par souci de tranquillité, qui critiquaient ouvertement la religion et étaient accusés d'athéisme (Théophile de Viau, Saint-Amant, Boisrobert). Ils se réclamaient d'Epicure pour affirmer que l'homme doit jouir de son être et vivre « suivant le libre train que Nature prescrit » (Th.deViau). Ils développent une théorie «naturaliste » de l'existence opposée au rationalisme de Descartes, qui suppose chez tout homme l'existence d'une raison universelle et identique, à l'image de Dieu. Ils élaborent, au contraire, une connaissance positive des hommes, en dehors de toute croyance a priori : le progrès des sciences expliquera l'homme et permettra de trouver dans sa nature les éléments d'une morale adaptée à sa vie terrestre. Gassendi est le penseur le plus célèbre du courant libertin et l'adversaire résolu de Descartes. A la dualité cartésienne de la nature humaine, Gassendi oppose une doctrine sensualiste qui rattache aux sens l'origine de l'intelligence.
Ce sensualisme, qui conclut à une conception matérialiste de la personne humaine trouvera son aboutissement dans l'esprit des Lumières. Gassendi cependant conciliait épicurisme et christianisme délivré des superstitions. Il vivait en sage et mourut chrétiennement. Mais beaucoup de ses disciples poussèrent jusqu'à l'irréligion (...)
[...] Molière se rattache à ce courant de pensée. L'honnête homme un idéal classique : A - Un idéal mondain : la vie en société et le naturel Héritier de l'honnête homme de la Renaissance, l'honnête homme du XVIIème siècle se caractérise par sa culture sans pédantisme, son art de vivre en société, et son goût des jouissances mesurées de la vie. L'idéal d'une vie selon les lois de la nature, et non selon des dogmes religieux, se développe sous l'influence du courant philosophique libertin (auquel appartenait Molière). [...]
[...] On le voit bien avec Maître Jacques : son idéal de sincérité est bafoué par la réalité sociale de sa position de domestique : Peste soit de la sincérité ! c'est un mauvais métier. Désormais j'y renonce, et je ne veux plus dire vrai. (III p.73) B - La parole juste : Cléante détient une parole juste : son insolence est justifiée par la tyrannie, l'inhumanité et la démesure de son père. Il défend un juste droit à l'amour, une conception juste de l'usage de l'argent, et sait subordonner son besoin d'argent à des sentiments nobles. [...]
[...] L'usure était, dans les préjugés du XVIIème siècle, le domaine réservé et maudit des Juifs (Simmel explique pourquoi les Juifs se sont adonnés aux pratiques financières : exclus de la société, ils trouvaient dans la finance méprisée et interdite aux catholiques, une activité dans laquelle ils étaient tolérés (pour les services rendus . Lorsque La Flèche annonce à Cléante les conditions usuraires du prêt qu'il s'apprête à contracter, il s'écrie : Comment diable ! Quel Juif, quel Arabe est-ce là ? [...]
[...] Il renonce à son mariage avec Elise par amour paternel (cf. au contraire d'Harpagon), il se plie aux exigences financières scandaleuses d'Harpagon quant aux conditions des mariages, il utilise l'argent à des fins de partage, et de bonheur familial (ainsi fait- il un bon usage de l'argent sur le plan matériel et moral). Il incarne l'honnête homme» au sens mondain et moral de l'expression. C - Une morale de la mesure : l'art de vivre ou le naturel Ce que montre Molière, par le biais des relations des personnages, c'est la perversion inévitable du discours, ici dénaturé par l'avarice d'Harpagon. [...]
[...] On voit que la question est à la fois sociale, mais aussi morale, et philosophique. Par la comédie, Molière conduit le spectateur à s'interroger sur les mœurs de son temps, sur ses préjugés moraux, et sur la vérité humaine. Le courant libertin : Une philosophie à l'origine du libertinage mondain : Les libertins constituent au XVIIème siècle un courant de pensée qui bat en brèche les dogmes religieux. Ils tendent à se libérer du catholicisme pour donner à l'existence humaine un sens uniquement terrestre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture